( 3 7 ) Planche quinzierno. — S. Jean - Baptiste. Tableau de Ldonard de Yinci. S. Jean-Baptiste tient une croix formee de roseau; Sa main droite est ölevde vers ]e ciel; de longs che- veux bouclds flolteut sur son col : il est vetu d’une peaa d’agneau qui laisse a ddcouvert la partie sup6- rieure de son corps. Cette figure , ii-peu-pres de gran- deur naturelle, se dislingue par la douceur el lafinesse de l’expression; le coloris manque de fraicheur et de vivacitÄ, et 1’efTet du tableau est peu lumineux. Ce jnorceau provient de l’ancien cabinet du roi Leonard de Vinci dpronvait une Sorte de timiditd, et tremblait, pour ainsi dire, chaqtie fois qu’il prenait Je pinceau ou commencait un ouvrage , tant il 6tait pdndtrd de la grandeur et de la dignite de son art; aussi etait-il toujours mdcontent de son travail, des qu’il jugeait pouvoir y ajouter quelque perfection nouvelle, ou lorsqu’il ne s’ofFrait point a ses yeux tel qu’il se piesentait a son imagination. Qnelquefois, s’il d£ses- perait de pouvoir rendre son id6e avec le secours du pinceau , il se bornait ä l’indiquer par un trait de crayon. D’aulres fois, il avancait l’ouvrage a un cer- tain point, etensuite l’abandonnait; ou , s’y appliquant avec persdvdrance , il y mettait un teinps et des soins infinis, comme s’il eilt voulu suivre l’exeinple du peintre greo Protogöne, qui employa sept ans a pein- dre son tableau de Jalisus, oü l’on ne voyait cependant qu’une seule figure. Toutefois il ne faut pas prendre a la lettre ce que disent quelques auteurs italiens , et nolamment Va- sari, en citant comme imparfaits, c’est-il-dire non termin^s, certains tableaux de Leonard de Vinci. Ala vdritd ce grand mailre en a laissd plusieurs qui n’a- vaient pas recju la derniere main, tels que l’Adoration desltois, de la galerie du grand-dttc ft Florence , et une Sainte-Famille, ft Milan, dans Ja galerie de l’arche- veque. Mais le plus souvent on ne doit entendre, sous cette ddnominalion d’ouvrages imparfaits, que ceux auxquels il ^emble que l’artiste aurait pu donner eu-