( i7 ) Planche cinquieme. — Le Christ au tombeau. Tableau d’Annibal Carache. Apr&slamort de Raphael, la peinture qui avaitrecu des ouvrages de ce grand peintre un dclat inconnu jus- qu’alors, se soutint encore quelque tempspar les efForts de ses Cleves , auxquels il avait legue une partie de ses talens et pliisieurs entreprises ä lerminer. Mais eile perdit peu ä peu sa splendeur; el k peine un siede venait de s’dcouler, que cet art dtait singuli&rement ddchu non-seulement a Rome , mais encore dans toutes les dcoles d’Italie. On s’ecartait de plus en plus de la route trac6e par les chefs; l’dtude du beau dtait ndgligde ; on avait abandonnd la recherche de ce qui contribuait ä la perfection d’un ouvrage ; les peintres ne suivaient que leur caprice j et, il Rome, il s’dtait dlevd comme deux partis contraires, qui divisaient toute la jeunesse. Les uns s’dtaient attaches a une imi- tation triviale et sans clioix; les autress’dtaient livres ä une imagination sans frein. Le Caravage fut le chef du premier parti; Josdpin se mit a la tete du second; et par la hardiesse de ses conceplions , par un certain dclat qu’il mettait dans l’ordonnance de ses tableaux, il trouvait un grand nombre de partisans. Ces deux systemes diamdlralement opposds, et dgalement vi- cieux, avaient l’inconvdnient de jeter les jeunes pein- tres dans l’incertitude ou de les dgarer sans retour. Enfin, c’en dtait fait de la peinture, et eile fut tombde dans cet dtat de faiblesse et d’avilissement dont l’his- toire des arts offre plus d’un exemple, si Louis et Augustin Carache , par leurs savantes lecons, et sur- tout Annibal, par la belle pratique de son pinceau , n’eüt rendu k cet art une grande partie de la gloire dont il avait joui au siede de Jules II et de Leon X* Coli., Tom. 3. 5