— 327 — Au cours de sa pratique déjà longue, M. Gaston Braun, qui sait la technique de son métier comme personne, remarqua que certains sels avaient la propriété d’exprimer plus ou moins certaines colorations jusqu’alors rebelles au rendu. Il sortit donc de la pratique routinière qui emploie les mêmes ingrédients pour reproduire les peintures les plus différentes : celles d’un Van Ey'ck et d’un Rembrandt par exemple, d’une fresque italienne claire et mate et d’une toile flamande chargée de couleurs. En étudiant la palette chimique, il modifia pour chaque tableau la composition du collodion sensibilisé, et c’est ainsi qu’il est parvenu à reproduire, au musée de Madrid, Velasquez et Murillo, Titien et Van Dyck, Paul Véronèse et Rubens, dans la tonalité particulière de leurs œuvres, comme la gravure au burin réduite, elle aussi, à l’effet monochrome du blanc et du noir, donne pourtant aux yeux exercés l’équivalent du tableau. Une innovation non moins heureuse est celle d’un papier légèrement jaunâtre substitué au papier blanc des épreuves., Les tons blancs ne s'accusent que trop en photo graphie, et ce fond doré, en les éteignant, fait chaleureuse ment ressortir les valeurs des noirs. Ainsi maniée et raffinée par une main savante, la photo graphie devient un art véritable, et ses copies joignent les beautés et les délicatesses de l’estampe à l’exactitude rigou reuse du fac-similé. PAUL DE SAINT-VICTOR.