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— 324 princes et des princesses. Infants attachés à de longues ra pières, Infantes délicatement étiolées, plongées dans ces vastes vertugadins qui leur donnent l’air de jolies pagodes; et cet étonnant petit Don Carlos, planté avec un aplomb de Gésarion romain sur un cheval andalou, tout ventre et crinière, qui, furieux de vitesse, s’élance au grand galop de la toile : on s’écarterait pour ne pas être écrasé. — A cette série dynastique se rattache encore l’incomparable portrait équestre du Duc d’Olivarès, indigne d’un tel pein tre. Vélasquez a traité en héros ce faquin grandiose, il a fait un Cid de ce Gil-Blas réussi. Les nains faisant partie de la cour, Vélasquez les peint avec une gravité officielle qui ne se permet pas un sourire. Mais l’ironie perce sous cette indifférence apparente. —■ Quel type de bouffon aulique, classé, parvenu, sûr de sa faveur et de son pouvoir, que Nicolasito, appuyé sur un chien, dont la taille est à la sienne ce qu’est celle d’un che val à la stature d’un homme ordinaire ! Sa petitesse frise la grandesse; vous croiriez voir un pantin d’Etat. — Un autre, barbu et trapu, assis sur une dalle, fixe vers vous des yeux d’une méchanceté noire. On se dit, en l’envisageant, qu’il n’aurait pas mieux valu rencontrer cet avorton redoutable au coin d’une intrigue qu’au tournant d’un bois. — Après les nains, les Gueux, ces gueux glorieux et philosophes, particuliers à l’Espagne, et dont sa littérature est remplie. Vélasquez règne à Madrid : c’est à Séville et à Paris même qu’il faut chercher les grands chefs-d’œuvre de Mu- rillo. M. Braun a pu pourtant reproduire, en restant dans un choix très pur, trente-six des tableaux que le musée du Prado possède. Ce sont comme toujours des Conceptions, des Asssomptions, des Saintes Familles, des Apparitions de la Vierge, de s Jésus et S aint-Jean enfants. C’est monotone, mais monotone comme le ciel. Entre tous les maîtres de son école, Murillo se distingue par la douce piété de son style. La religion, chez lui, n’a ni la terreur menaçante que Ribeira lui prête, ni la terreur lugubre que Zurbaran lui imprime ; elle est aimable et tendre, pleine de foi, mais pleine d’espérance. Murillo la comprend surtout par l’amour; il se complaît dans les visions riantes et sereines. Sa couleur vague et suave, oü les formes nagent dans une