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— 254 — maîtres anciens, il n’est pas donné à tout le monde de les admirer à Saint-Pétersbourg, malgré la réputation très justifiée de l’Ermitage impérial. Les artistes ne pouvaient pas aller à la montagne, c’est-à-dire à l’Ermitage, la montagne, grâce à M. Braun est venue jusqu’à eux. Sur les quatre-cent-trente-deux photographies qui composeront la collection de l’Ermi tage une soixantaine seulement sont parues; mais parmi celles-là se trouvent une Sainte Famille de Léonard de Vinci; de Raphaël, la Vierge de la maison d'Albe, la tète d’un Vieillard que l’on serait tenté de prendre, bien que cela soit contesté, pour Giovanni Sanzio, le père du peintre, étant donnée l’étonnante ressemblance qui existe entre ce vieillard et le portrait de Raphaël ; la Sainte Catherine de Bernardino Luini ; — la Vierge à l’enfant Jésus et la Toilette de Venus du Titien. Lorsque l’émotion qui vous saisit à la vue de tant d’œuvres si merveilleusement belles s’est un peu apaisée, on reste saisi d’étonnement devant la perfection absolue de la reproduction obtenue d’un seul jet, développée sans retouches. Comment pourrait-on, en effet, retoucher une ligne de Raphaël? Comment pourrait-on corriger une de ces photographies d’après des Rubens comme le Persée et Andromède, comme le portrait d’Hélène Four - ment ou Y Enlèvement des Sabines, ou bien un de ces Rembrandt comme le Portrait d’homme coiffé d'un bonnet de fourrures — le propre portrait de l’artiste,— comme la Jeune femme juive, comme la Danaé, photo graphies dans lesquelles on peut suivre tout le travail du pinceau, où l’on retrouve tout les empâtements de la peinture et le grain même de la toile. Quant à la façon dont la couleur est respectée, voyez le buffle jaune clair que porte lord Philippe Wharton, de Van Dyck, et, du même maître, le portrait d’une adorable distinc tion de sir Thomas Wharton, frère du jeune lord Wharton ; voyez également les lointains dans le fameux tableau de la Vache de Paul Potter, les sous-bois du Marais de Ruysdaël et les montagnes du Matin de Claude Lorrain, vous vous rendrez compte de la diffi- cultée vaincue. Cela suffit seul pour expliquer l’immense succès qui accueillit à leur apparition les précédentes col lections éditées par M. Braun et qui se prolongera, se renouvellera, s’accroîtra encore s’il est possible en présence de cette magnifique galerie de l’Ermitage si peu connue et si digne de l’êtro.