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47 Planche XIX. Connoissant votre gout pour la varie'te, je me Hatte d’avance que vous me sentirez quelque gre' de vous presenter la fenime d’un marchand russe. Examinez donc sa gravite', sa grace, . . . mais oui, sa grace, et je suis bien fache que vous ne la voyiez pas vous meme, pour juger de la jus tesse de mon expression. Vous admireriez infailliblement ces charmantes masses de chair, bien farde'es, et blanches comme l’albätre, qui se dandi- nent nonchalamment dans leur marche. Vous devez juger, en voyant no- tre marchande, combien il doit etre fatigant pour eile et ses pareilles, quand eiles rencontrent l’Empereur, de se pre'cipiter de leur Droschka, pour se mettre ä genoux, et lui rendre les devoirs qu’il exige. Ce que je vous ai de ja dit des usages du pays, doit vous faire conclure que cette belle n’a e'pargne ni le blanc, ni le rouge, pour paroitre teile que vous la voyez. La Penurie de la lange russe, qui n’a que le mot Krasnoi, Krasnaja, Krasnoje, pour exprimer les mots beau et rouge, vous prouvera in- vinciblement que j’ai eu oaison de vous dire dans mon premier caliier, qu’- ici un bei incarnat etoit un tilre süffisant pour pre'tendre a la beaute'. En refle'chissant sur cet usage si frequent du fard, vous sentirez aise'iuent que les femmes russes deviennent tres-laides de bonne-heure. Si pour vous decider en leur faveur, il falloit qu’elles eussent les dents noires, vous etes le maitre d’en embellir leur portrait . . . Quoi! noires, me direz-vous! absolument noires, et encore faut-il que vous sachiez que ces femmes de marchands les tiennent pour un si grand trait de beaute / , qu’elles les tei- gnent en noir avec aulant de soin qu’elles teignent leurs sourcils. La parure de celles qui sont riches est tres coiiteuse, et celles qui le sont peu, voulant rivaliser avec elles, menent dans l’inte'rieur de leurs maisons une vie miserable, pour pouvoir briller au dehors. Voici quel est leur costume. La jupe et leur espece de camisole sont tissus en or et en argent. Leur coiffe (K a k o s chn i k ), d’un liehe brocard d’or, est parseme'e, avec une sorte de profusion, de perles fines. Leurs boucles-