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15 Planche V. Approclions-nous de ce Plinnik, marchand de galettes. Cette friandise sera, je m’y attends bien, tout aussi peu appe'tissante que celle que nous vc- nons de voir, a supposer meme qu’elle ne le soit pas.moins. Ces gateaux, que le peuple met ici au nombre de ses mets les plus recherche's, se font avec de la farine de sarrasin, et sont cuits dans un-melange d’liuile et de beurre. On les niange sous les yeux du Plinnik avec du sei qu’on prenddans l’assiette,oü illes porte. Vous me demanderez peut-etre ce que notre marchand de galettes fait de sa main droite, et ce qu’il a perdu sous son bonnet? Trouvez bon que, je me dispense de vous re'pondre. Ses habits dechires vous feront encore mietix comprendre de quoi il est question. Je voudrois qpe vous pussiez voir la mal-proprete' de'goütante du linge qui couvre ces galettes, mais comme je n’ai pas Je projet de faire soulever votre coeur, je crois qu’il est prudent que je me taise: car, vous pourriez bien ne pas voir sans re'pugnance une chose avec laquelle une habitude journaliere m’a un peu familiarise. La mal-proprete' la plus rebutante regne assez commune'ment sur la table et les habits des bas- ses classes du peuple, mais j’attendrai, pour vous en parier, que vous y soyez uu peu fait. Du reste, vous voils persuaderez facilement qu’il n’y a que la lie du peu ple, qui puisse manger de ces galettes, et surtout les manger avec goüt. L’homme qui en fait ici son regal avec tant de sensualite, qu’on lit l’expres- sion du plaisir sur son visage, dont chaque trait repre'sente si naturellement la simplicite et la betise est un lanternier. II est figure avec tout l’attirail de son e'tat, son e'chelle, sa bouteille äl’huile, etc. etc. Quoiqu’il en coüte ä cette ville dix-sept mille iroubles pour eclairer les rues, eiles ne le sont pas mcrveilleusement. On ne sera pas surpris non plus que la de'pense des lanternes se porte a cette somme, lorsq’on considerera, que les nuits d’hiver sont de dix-huit heures, et que dans les bonnes maisons, on il est ä peine jour ä-dix-heures du matin, on allunie deja des bougies ä une heure apres-midi. Pour une ville d’une aussi grande e'tendue que St.-Pe'ters- bourg, le nombre de trois mille cinq Cents lanternes n’est, sous aucun rapport, assez considerable. Les principaux quartiers sont bien e'claire's, mais les quar- tiers recules ne le sont que ce qu’ il faut pour faire ressortir l’obscuiite'. Les lanternes sont de forme splierique, et supporte'es par des poteaux de bois. Trouvez bon que jefinisse, en vous promettant de reprendre incessamment notrepromenade, si ellenevous a pas ennuye'. Nousnous confierons de nouveau a la conduite de nos Rosnoschtschiki, et je vous caulionne qu’ils nous condui- ront ä la connoissance de pluiseurs choses remarquables, dont, ce que je viens de vous dire, ne peut vous donner qu’un avant-goüt. ✓