Volltext Seite (XML)
Planche j)r cmi er e. Slifki, Slifki! (Du lait, de la creme.) Tel est le cri qui m’areVeille, et tel est celui, qui, ä St.-Pe'tersbourg, comme partout ailleurs, retentit le pre- mier dans les rues: ce sont les laideres ( M a 1 o s c hni za ) quiouvrentla scenc des re'volutions journalieres. Yous en trouverez ,une ici dans tout son cos- turne. Elle est vetue, comme la saison le demande, et porte une espece de casaquin sans,manches (Tuscha greka*). Cette expression ne vousparoit- elle pas extraordinaire ? souvent on peut, sur des semblables expressions, juger le fond .des idees. Ces laitieres sont, ou des paysannes des environs, ou des femmes de soldats qui vendent le lait de Jeurs propres vaches. Elles le colportent sur leurs e'paules, au bout d’une barre courbee (Koramisla), dans des vaisseaux de gres enveloppe's de natte faite d’e'corce d’arbres. Dans l’hiver, elles se servent d’un petit traineau qu’eiles tirent elles-meme. Cette laitiere s’entretient avec .une jeune fille, qui veut vendre des fraises. Cette fille est ici dans toute la force du mot jolie, et meme ä le bien prendre tres-belle.' .Gardez-vous bien de former les belles de ce pays.sur un ideal grec. La beaute'.chez les Russes doit etre robuste et potele'e, ce ne sont joint les contours de'licats et gracieiix de Raphael , qu’il faut .ckercher dans un pays, ou l’on ne trbuve, meine dans les premieres,dasses, que les formes musculeu- ses de Rubens. C’ est encore ici que ce savant coloriste.auroit pu prendre ses mo deles; car il n’est pas rare de voir une peau d’une blancbeur e'blouissante jointe au plus vif incarnat. Aussi des joues bien colore'es tiennent-elles lieu de tout, et sont-elles l-epute'es pour la beaute'. Le goüt ge'ne'ral de la nation vous e'tant ä pre'sent connu, vous ne serez plus surpris d’apprendre quel’usagedu rouge est si commun ici, que je ne voudrois pas vous re'pondre que notre jeunepaysanne n’est pas farde'e. D’ailleurs, c’est assezdans la regle etablieparmi ces belles vendeuses de fraises. L’heure, ,ä laquelle vous la voyez, doit vous paroitre un peu suspecte, son habit doit presque vous confirmer dans vos soup- qons, et si vous le comparez au foible produit de ses fraises, vous ne doute- rez plus qu’elle ne le doive a son humeur complaisante. Aureste, vous ne vous tromperez pas, car ces filles sont ici comme partout ailleurs tres-galan tes. Vous trouverez peut-etre ce mot impropre, mais jem’en sers, pour ne pas etre oblige de parier de l’abjection, oii sont tombees ici les filles de joie, et dont l’ide'e seule re'veille le de'goüt et l’horreur. — Detournons nos re- gards de ce tableau hideux. 11 me reste ä vous parier de la parure de cette fille. Les filles du peuple, pour se distipguer des femmes, portent enRussie leurs cheveuxen une tresseflot- tante entrelace'e de rubans. Elles choisissent pour leur robe longue (Sarafan) les couleurs les plus frapantes, et leur coiffure (Kakosehnik) consiste en un large bandeau, garni de clinquant d’or, qui leur couvre le front, et vient s’ attacher par dessus les cheveux derriere leur tete. Les Russes entendent par ce mot, les chaufloirs de l’aine. A