55 Plane h e XXL Lepoque de mon de'part, tous les jours plus prochain, fait que, sans attendre votre re'ponse, je m’empresse d’offrir ä vos yeux quelques por- traits, dont notre galerie s’est re'cemment enricliie. Le premier, que je vous montre, est un marchand de noisettes et de gateaux au miel (Preniki). Ces gateaux, que l’on cuit dans des gaufries, sont charg^s de caracteres semblables ä ceux qu’on voit dans les livres en usage dans les e'glises russes. Les femmes du peuple sont ici tres-friandes de ces deux articles; aussi en voyez-vous ici une qui vcut en acheter. II me semble que cette femme regarde bien attentivement ce mar- chand, et dans le fait, je ne saurois l’en blamer. Car, quelque repu- gnance qui je me sente ä vous mal parier de mes guides, la force de la ve'rite', qui doit l’emporter sur toute espece de conside'ration, me force pourtant de vous dire, qu’il est urgent de se tenir sur ses gardes avec la plupart des Rasnoschtschiki. Dans ce pays, le premier mobile de tous les ne'gotians, sans meme excepter le premier banquier, c’est le gain: et l’on doit regarder comme extremement scrupuleux, ceux qui ne mettent pas une tromperie adroite au nombre de leurs bonnes spe'culations. L’a- dresse et la prudence sont leurs premieres divinite's, et peu leur importe de la nature du sacrifice qu’ils leur offrent, pourvu qu’ils ne pechent pas dans le culte qu’ils leur rendent. Doit-on d’apres cela etre surpris de voir les dernieres classes d’un peuple brut et grossier faire ce que des hommes instruits et civilise's ne rougissent pas de se permettre. Pour vous prouver que dans mes guides, on trouve des gens consommes, je vais vous rapporter un trait de'ja eite' par Storch. Un Rasnoschtschik offrit un jour sa derniere livre de the' ä une dame, qni se tenoit fort en garde contre l e s friponneries de ces messieurs. Elle prend le the', le pese, le poids se trouve juste; eile le goüte, la qualite' en est bonne, eile Russen £ [er Heft. I