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anadesme trouvé dans les fouilles de la cité préhistorique du moût Hissarlik, ancienne Troade, large bande d’orfèvrerie faisant le tour de la tête, était accompagné de la série des tresses d’or qui pendaient sur le front et les oreilles; ce diadème avait, à chacune de ses extrémités, près du bord inférieur, le trou d’où pend en core le fragment d’une chaîne très fine. C’est la somptueuse coiffure mise par Homère sur le front d’Androinaque. L’antique bijouterie, de caractère préhistorique, ou au moins des temps héroïques, que les recherches de M. et M’"° Schliemann ont mise au jour en si belle quantité, semble démontrer que la plus grande différence entre les produits de l’Asie ancienne et les joyaux de l’Orient moderne serait surtout caractérisée par la re présentation des choses de la nature, des êtres du monde animé, représentations interdites par l’islamisme; mais, de même que la loi religieuse qui règle si sévèrement l’usage des métaux précieux, n’a pas réussi à empêcher les femmes orientales de se parer de bijoux avec profusion en beaucoup de localités, l’interdic tion de l’imitation a été impuissante en plus d’un endroit où la tradition a continué à prévaloir. C’est ainsi que la musulmane du Liban, au tépélick d’argent travaillé à jour, plus fin que la fine dentelle de Smyrne, porte au cou une quadruple chaîne, descendant jusqu’au-dessous de la ceinture, dont chaque chaînon est une fleurette, une mignonne marguerite d’argent au cœur d’or, un lis en miniature, une rose lilliputienne, avec leurs pétales à jours; sans compter, tremblants à ses oreilles comme agités par un léger souffle, les liserons d’argent sortant d’une cupule d’or. Dans la parure entièrement en filigrane d’or de la dame de Da mas, avec la couronne, élastique ruban d’orfèvrerie, les bracelets, la broche, la boucle de ceinture, les bou cles d’oreille, figurent les bagues en roses ou en boutons, sous des feuillages dentelés. Jusque dans le popu laire des îles de l’Archipel, on rencontre des exemples de cette infraction. Aussi, à l’aspect de la décoration de certains bijoux, comme l’est celle, par exemple, de notre riche agrafe de ceinture, n° 1, on se demande s’il n’y aurait pas là quelque reflet direct des pratiques antiques dans la largeur de leur symbolisme; si ce semis de protubérances de diverses grosseurs ne serait pas un lointain souvenir de ces dispositions constellées dont parle Homère, de ces teirêa, les étoiles du ciel, qu’il place sur le bouclier d’Achille, avec le soleil, la lune, la terre et la mer. En observant que la courbure même de l’a grafe convient à cet ouranos, il suffira, pour se convaincre de la possibilité de cette parenté, d’examiner la pla que de ceinture de la femme kurde des environs d’Yuzgat (pl. Turquie, au signe du G couronné). Cette épaisse plaque d’argent repoussé, qui n’est pas une agrafe de ceinture, mais une large orfèvrerie, avec pen dants de doubles rangs de piastres, posée sur la ceinture en soie tunisienne, porte la constellation homéri que ; ce sont de fastueux soleils entremêlés de lunes qui font toute la décoration. Il semble, en vérité, que peu de choses aient changé dans la pratique des artisans de ce pays, véritable patrie de la bijouterie orfévrée. Les parures des musulmanes, des juives, des chrétiennes n’y diffèrent pas dans leur aspect ; le croissant comme la croix sont des figures préhistoriques, et ce ne sont pas des inscrip tions comme celle de Y Armoudie, où est gravé le sceau magique du grand Suléïman, ce 11e sont pas de telles additions qui modifient sensiblement le fond des choses.