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beaucoup de rames dont l’une, plus longue que les autres, est fixée sur le devant et sert à les guider. Un autre genre assez semblable au précédent, se nomme le mour- pounlcy ou tête de paon ; les rameurs se servent de pagaies, rames des embarcations indiennes et malaises ; ceux qui les manient ont la tête tournée vers la proue. L’exemple de notre planche est de cette famille. Entre toutes les variétés on peut encore citer le bangle, un des plus grands bateaux dont on se sert pour les transports de riz ; 1 epolouar, un des mieux construits et des plus propres à la navigation intérieure à cause de sa légèreté ; le gonga, que l’on emploie sur les lacs et les étangs pour la pêche au filet ; les pinasses, véritables navires qui peu vent aller en haute mer ; et enfin le graàb ou paal, navire à trois mâts ayant pour trait caractéristique une proue se terminant en pointe, forme particulière à l’architecture navale des Indiens. N° 4. — Paysans du Pendjab, avec la sarna gonflée qui les aide à traverser les rivières. A Akhnour, dans les plaines du Pendjab, le fleuve rapide entraîne au printemps les billes de déodar et de pins que les bûcherons ont préci pitées dans les cataractes du cours supérieur. Dans la saison du flot tage, presque tous les habitants des environs, en amont et en aval, n’ont d’autre occupation que d’aller saisir le bois flotté et de le lier en radeaux. Le débardeur n’a pas besoin de bateau ; s’appuyant sur une sarna, outre en peau de chèvre gonflée d’air, dont les pattes de der rière sont attachées en forme d’anse pour qu’il y passe les jambes, il glisse sur l’eau en la frappant des mains et, se laissant pousser par le courant, va, vient sans cesse, remorquant les troncs d’arbres. Toute cette population, du reste, a quelque chose de l’amphibie. Elle ne se couvre généralement que d’un court caleçon de cotonnade et d’un turban ; le reste du corps est nu. A terre, le paysan charge son outre sur son épaule et va son chemin. Ce sont les mêmes usages dans les endroits où l’on se sert de l’outre de buffle. Il y a en Babylonie un mode de transport qui consiste en un ra deau (le helek) soutenu par une couche d'outres gonflées, en nombre proportionné au poids que ce radeau doit supporter. Sur le plancher, on entasse les marchandises et on dresse parmi les ballots une cabine en planche pour le marchand ou quelque passager de qualité ; puis on part en suivant le fil de l’eau. Arrivé à destination, le kelek est dé pecé ; les outres dégonflées sont reprises par le marchand qui retourne chez lui à dos de chameau. Cette manière de voyager par eau est connue depuis quelques trois mille ans, dit Guillaume Lejean ( Voyage en Babylonie), et la descrip tion qu’en donne Hérodote peut encore s’appliquer au temps présent. L’immobile Orient offre à chaque pas de ces ressemblances, et l’anti quité y est aisée à commenter sur place. N° 5. — Haclcerry; Bombay. Les grandes rues de Bombay sont encombrées de véhicules : omnibus dont les chevaux ont la tète abritée par un bonnet en moelle d’arbre ; calèches élégantes qu’entraînent rapidement des chevaux arabes ou mahrattes; voitures attelées de bœufs dont la bosse se balance sur le garrot. Le hackerry est une des seules voitures d’origine indienne que l’on rencontre encore aujourd’hui et sa forme a reçu quelques perfection nements. C’est toujours une charrette à deux roues, mais la caisse pos sède un peu plus d’élégance ; elle est surmontée d’un petit toit sou tenu par quatre colonnettes, abri qui se trouve prolongé par une vé- randah maintenue horizontalement au moyen d’un bâton s’appuyant sur l’essieu, seul endroit où le cocher peut trouver une place. L’atte lage se compose d’une paire de bœufs trotteurs. Lorsque les dames indoues prennent le hackerry, ce qui est fréquent, elles en abaissent les rideaux. On voit aussi quelques ruths, voitures couvertes de légers dômes do rés d’où pendent des rideaux de soie ; elles sont également traînées par des bœufs harnachés avec la plus grande magnificence. Le bœuf est à l’Inde ce que le cheval et l’âne sont au reste du monde. Quelquefois l’homme le monte comme en Afrique, et plus d’un courrier parcourt de vastes espaces sur un petit bœuf à cornes droites, blanches et presque diaphanes. Documents photographiques. Voir, pour le texte : Ferrario, le Costume ancien et moderne (Asie, tome II). —Jacquemont, Voyage dans l’Inde; Paris, Didot, 1841. — Fleuriot de Lan- gle (amiral), Voyage au Malabar (Tour du Monde, année 1864). — Louis Rousselet, l’Inde des Rajahs (Tour du Monde, années 1870-71,1872,1873 et 1874). — Élisée Reclus, Inde et Indo-Chine (Géographie universelle), Paris, Hachette, 1883.