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d’un caraco ajusté, ne nuisant en aucune façon à la liberté des mouvements. Pour le travail des champs, les femmes n’ont pas d’autres habits. Celles qu’on voit sur les routes ou dans les villages autour des puits portent sur la tête une sorte de grand voile de très grosse mousseline, communément rouge ou bleue ou bariolée de ces couleurs, qui tombe jusqu’à la ceinture ou jusqu’aux genoux, et qu’elles abaissent au-dessous des yeux quand elles rencontrent un étranger. Du poignet souvent jusqu’à l’épaule, leurs bras sont couverts de bracelets de cuivre, de fer, d’argent, d’ivoire, et surtout de bois peint. Les vieilles ne renoncent pas à cet ornement. Leurs bracelets de bois verni ressemblent beaucoup à des cornets à jeter les dés. Elles portent des anneaux de cuivre ou d’argent aux doigts des mains et surtout des pieds, et aux jambes d’autres anneaux massifs, qui tombent sur le talon et le cou de pied. Il n’y a guère que les jeunes femmes qui portent un anneau pendu au nez. Les femmes du peuple que l’on rencontre partout sont, comme dans le reste de l’Inde, d’une grande mo destie; elles se cachent toujours de ceux qui les regardent. Chaque caste, et dans chaque caste, chaque classe, a dans toute l’Inde quelque particularité dans la manière de rouler son turban. En général, il est de forme peu gracieuse, laissant les oreilles découvertes et descendant fort bas sur le front et derrière le cou. Les n 08 3 et 4, qui sont de ces mendiants signalés plus haut, portent des costumes qui ne sentent guère la misère. L’homme, tête entièrement rasée, ceinte d’un ruban de joaillerie, ayant aux oreilles un large anneau avec pierre en émeraude, est vêtu du riche dhoti de mousseline, bordé de broderies en couleurs; son écharpe est de même étoffe et non moins luxueuse. Il est chaussé de la sandale en bois montée en patin, qui est souvent l’objet d’un travail raffiné. Cette chaussure tient seulement au pied au moyen d’un bouton, dont la tige droite passe entre le pouce et le premier doigt. Une série de ces sandales, provenant du Pendjab, a figuré à l’Exposi tion du Costume, ouverte en 1874 au Palais de l’Industrie. Leur forme était analogue à ce que l’on voit ici; le travail accusait l’ancienneté, et on y remarquait, selon les paires, à l’une le bouton d’ivoire teint en rouge et divisé en six lobes, s’ouvrant comme les pétales d’une fleur de lotus chaque fois que le pied pose sur le bois de la sandale; à d’autres, un bouton en ivoire blanc, dont la pression du talon faisait jouer le mécanisme. Cer taines de ces chaussures de bois étaient couvertes d’ornements gravés; le bois en était contourné; sur d’autres, les gravures étaient remplies de pâtes colorées à la façon des émaux champlevés. Ce moine qui pince de sa main droite les cordes d’une riche guitare est salué par sa femme avec une vénération que redouble sans doute son caractère religieux. Les vêtements de cette femme sont d’une étoffe fine, légère, brodée; les grandes nattes de ses cheveux ne pendent pas en arrière dans toute leur longueur ; elles sont relevées en un nœud sur le dos. Elle a la petite calotte d’orfèvrerie, les bijoux d’oreilles, l’anneau nasal, le collier à plusieurs rangs, des bra celets d’or au poignet, des anneaux de jambes et aussi des bagues de pied au doigt proche du pouce. Elle ne porte pas le petit corset, l’étui des seins; et peut-être faut-il voir dans l’abstention de cette protection de la poitrine, coïncidant avec une riche toilette, la confirmation de l’usage admis en certaines provinces, où la femme ne doit pas se présenter aux yeux d’un supérieur avec les seins couverts. Le marchand de sel, n° 5, n’a d’autre particularité dans son costume que la bordure rouge de la pièce de toile dont sont faits sa ceinture et son turban, et la couleur différente de son manteau à petites franges. Les nombreux bracelets, ou plutôt l’enroulement figurant des bracelets superposés que cet homme porte aux arrière- bras qu’ils couvrent en grande partie, ne sont pas d’un usage très commun chez le mari; c’est plutôt aux femmes que l’on voit cet appareil, qui paraît ici composé de liens de jonc. Ce marchand de sel, qui naturellement a chargé sa femme du fardeau de la marchandise, tient d’une main un bâton rond, de grosseur égale d’un bout à l’autre, de même nature que celui que le marchand de grains, n° 1, tient sur l’épaule. Ce bâton n’est point une canne, mais le fléau de la trutina des Romains, dont on allonge le bras de levier sur des fractions marquées en con servant d’un côté l’unité de pesanteur, ce qui forme la balance la plus rapide et la moins embarrassante. Le mar chand de grains porte à sa ceinture la série de poids dont le système de suspension ne permet pas la supercherie, et derrière lui le sac qui renfermera les grains à peser. Le marchand de sel tient de sa main droite les deux cordes courtes terminées par un nœud d’arrêt qui serviront également à la suspension. Les n 09 6 et 7 représentent un mendiant et sa femme, c’est-à-dire un moine encore, allant, dit la légende, à Tirouppadi. Il s’agit d’un acte de dévotion. L’homme est muni d’un chapelet noir à double rang, et ce qu’il tient en main parait etre une banane. La femme, enveloppée du sary, les nattes relevées comme ci-dessus, est cou ronnée de fleurs, et a un collier également de fleurs qui lui tombe sur la poitrine. Sa boucle d’oreille est une grosse boucle, des deux cotés de laquelle à partir du centre tombent des perles en pendants. Elle a un collier de perles à double rang, l’anneau nasal, et en outre une singulière et grande boucle à angles droits par le bas, qui se trouve fixée de chaque côté de la bouche et pend au-dessous du menton, en avant.