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La plupart des ordres possèdent des couvents avec des propriétés territoriales ; la mendicité, de même que les métiers qui s’exerçent quelquefois ouvertement, mais le plus souvent en secret, ont pour but l’accroissement de la fortune commune fondée par les dons des personnes pieuses. Tout en appartenant à des couvents, la plupart des Goseyens passent une partie de leur temps à errer dans le pays, y vivant d’aumônes. Certains mènent une vie ex clusivement errante, basée sur les mêmes ressources, sans autre règle que celle qu’ils veulent bien s’imposer. Très peu de ces ordres monastiques ont des vœux précis. On s’y engage au célibat, mais il n’est pas de règle gé nérale ; un ordre du Bengale permet aux hommes et aux femmes de vivre sous le même toit, en exigeant d’eux des vœux de chasteté; dans tel autre, les membres peuvent se marier et vivre avec leur famille comme les laïques. Chez les Beïragis et les Yogis, il y a absence de toute règle. Les uns ont pour principe de ne se vêtir que des plus beaux habits, de ne se nourrir que des mets les plus fins, de se livrer à tous les plaisirs innocents, et cela leur vaut beaucoup de considération auprès du public qui leur fournit généreusement les moyens d’être fidèles à ces principes. D’autres affectent de vivre dans l’ordure et la saleté, extorquant les aumônes par le dégoût qu’ils inspi rent. Enfin, à côté de la variété de ceux qui se livrent aux pratiques les plus extravagantes, faisant vœu de ne jamais parler, se déchirant les chairs avec des lames de rasoirs, tenant un bras et même les deux en l’air, les poings fermés, jusqu’à ce que les ongles traversent la paume des mains, il est encore tels de ces mendiants dont l’exis tence peut être comparée à celle de bandits. Les nagas sont des moines qui ne font pas profession de prendre les armes pour la cause de la religion, mais seulement de se louer à qui les veut payer ; leurs cheveux nattés, leur barbe en désordre, leurs membres nus et couverts de cendres, leur donnent un aspect effrayant. Lorsque les nagas ne sont pas au service de quelque prince, ils se forment en bandes de maraudeurs pour piller le pays ; et ils sont nom breux, car on dit qu’en 1760, à la grande foire de Hardouar, où sans être au service de personne ils se trou vaient armés, il y eut entre les nagas de Vichnou et ceux de Siva une collision telle qu’il ne serait pas resté sur la place moins de 18,000 morts. Exagéré ou non, ce chiffre donne une idée de l’importance de ces affiliations mo nastiques. Si bon nombre de Goseyens ne sont que d’importuns et impudents mendiants, des vagabonds se livrant sans contrainte à la vie aventureuse, on compte parmi eux quelques personnages savants, des religionnaires inoffensifs, des marchands respectables. Les religieux de Vichnou ont, généralement, meilleure réputation que ceux de Siva. A côté du marchand, n° 1, en face du mendiant de caractère religieux, n° 4, on voit ici la femme de chacun d’eux. La première porte sur sa tête un paquet volumineux ; l’autre s’incline devant son mari en joignant les mains dans l’attitude de l'infériorité. Ces deux figures représentent bien la manière dont est traitée la femme du peuple et le rang que l’Indou assigne, en général, à sa compagne. Tous les couples des gens de métier de la nom breuse collection qui nous fournit ces sujets montrent ainsi la femme chargée habituellement du transport des marchandises, quels que soient, en quelque sorte, leur poids et leur volume ; la coiffure de la femme est toujours plate, car c’est sur sa tête qu’elle porte tout, tandis que le mari qui l’emploie comme bête de somme chemine seu lement chargé de ce qui lui est personnel. Voici ce que dit Jacquemont sur le rang de la femme chez le peuple indou : (( Les femmes ne vont nulle part qu’aux marchés, je dis celles des pauvres gens, et toutes à la rivière pour faire leurs ablutions, devoir de piété; mais pour leur plaisir, pour leur amusement, jamais elles ne sortent. Elles ne participent à aucune récréation des hommes. Ceux-ci semblent les considérer comme des créatures si impures, que je m’étonne comment le dégoût ne réprime pas en eux le penchant de la nature qui les rapproche d’elles. J’ai rencontré sur les routes, depuis deux mois, beaucoup de pauvres familles en voyage. Si affamées qu’elles pa raissent, si nues qu’elles soient, dans les derniers degrés de la misère et du dénûment, le mari marche silencieux devant, la femme le suit à quelques pas portant un enfant en bas âge, à cheval sur la hanche du côté gauche. J’ai suivi quelquefois de ces tristes figures l’espace de plusieurs lieues, sans les voir se joindre ni se dire un mot. » Nos n 09 1 et 2, qui sont des gens de la campagne, sont habillés d’une manière conforme à la description donnée par Jacquemont des costumes du Malwa. La toile dont usent ceux de cette classe est très commune et fabriquée dans leurs familles; longue de quinze à seize mètres et large d’un mètre, la pièce coûte une roupie ou deux francs. Une pièce partagée en trois suffit à vêtir un homme. Il roule un des morceaux en turban autour de sa tête, un autre autour de la ceinture, qui couvre aussi les cuisses, et du troisième il fait un châle ou manteau qu’il jette sur ses épaules. Chaque bourg a quelques familles de teinturiers, le plus souvent musulmans. Us teignent en rouge et en bleu, par des procédés grossiers, ces étoffes communes, et impriment sur elles de rudes dessins. Les femmes s’habillent de ces toiles de couleur. Leur costume est le même que dans le Radjpoutana et dans les provinces septentrionales de l’Inde, y compris le Pendjâb. Leur jupon descend jusqu’à la cheville; il est serré sur les hanches par un cor don passé dans une coulisse. Le ventre, l’estomac, les flancs sont plus ou moins nus; le corset qui recouvre la gorge, servant à cacher ou à soutenir les seins, est en général très petit; parfois, comme ici, il prend l’aspect