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INDE LES CASTES INFÉRIEURES. — LES ORDRES MONASTIQUES. — FUNÉRAILLES D’UNE INDOUE DE CONDITION. 1 2 3 4 5 6 7 8 N os 1 et 2. Mari et femme, marchands de grains. Caste Lambadi. N 08 3 et 4. Mendiant de la secte de Vichnou, salué par sa femme. N° 5. Marchand de sel. N os 6 et 8. Mendiant et sa femme ; secte de Vichnou. N° 7. Mendiant cannadien; secte de Siva. Les castes inférieures dans l’Inde se subdivisent en corporations de métiers; les orfèvres forment une caste, les charpentiers une autre, et ainsi de suite conformément aux lois anciennes de Manou, assignant à chacune des castes mêlées un métier héréditaire. La séparation de ces castes se maintient avec une rigueur extrême, plus même, dit-on, aujourd’hui que jadis. Les gens de lignée différente ne mangent jamais ensemble et ne se mêlent point par des mariages ; chaque caste a son rituel propre. Ces divisions sont si nombreuses que l’on compte cent cinquante castes dans le seul voisinage de Rouna où, selon toute apparence, elles ne sont pas plus nombreuses qu’ailleurs. La persistance de ces usages s’explique par la gravité de la perte des droits de caste; elle équivaut, en principe, à ce qu’est chez nous la mort civile. Celui qui est dans ce cas ne peut ni hériter ni contracter, ni dé poser en justice ; privé de ses droits de citoyen, il est rejeté de la société commune ; la maison de son père lui est fermée, ses parents évitent tout rapport avec lui ; les consolations de la religion lui sont refusées. Cette excommu nication peut cependant avoir un terme ; à moins qu’un homme n’ait été dégradé pour des crimes épouvantables, il peut toujours, par l’expiation, reconquérir sa place. Il paraît même qu’aujourd’hui cette réhabilitation offre moins de difficultés que jadis. Aux castes représentant les corps de métiers sont venues se joindre, depuis Manou, des castes provenant des ordres monastiques qui n’existaient pas du temps de l’antique législateur. D’après les livres indous, la fondation du plus ancien de ces ordres daterait environ du huitième siècle de l’ère chrétienne ; parmi ceux qui existent maintenant, il en est peu qui remontent plus haut que le quatorzième siècle. En dehors des ordres composés exclusivement de Brahmanes, le trait caractéristique de l’ordre monastique indou est que toutes les distinc tions de castes disparaissent entre les adeptes d’une même communauté : tous les membres sont égaux entre eux. La discipline de ces ordres n’a pas la régularité qu’ont les ordres monastiques en Europe; les gens ne se distinguent pas non plus entre eux, ni du reste du genre humain, d’une façon aussi tranchée ; il n’y a même pas de nom générique pour les désigner, le nom de Goseyens, qu’on leur applique le plus souvent, n’appartenant ri goureusement qu’à une subdivision. Les Indous les connaissent tous à quelque chose de leur costume quand ils en portent, car il en est qui vont tout nus. Ordinairement c’est par le pli et la couleur du turban et de la ceinture. Tous ces moines sont liés par des vœux, et si tous ne sollicitent pas la charité, tous au moins acceptent l’aumône.