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l’intérieur du temple. Les cancenis, naught-grils (filles perdues), si connues sous le nom de bayadères que les Por tugais leur ont donné, forment la troisième classe des danseuses; on en trouve dans toutes les parties de l’Inde. Elles sont de toutes les fêtes et sont appelées dans toutes les maisons riches, indoues ou musulmanes. Chanteuses en même temps que danseuses, elles arrivent avec des joueurs d’instruments, chantent en général en langue in- doue, et s’exercent à la danse qui consiste presque toujours en une pantomime amoureuse, contenue dans les li mites de la décence. Le costume porté par la bayadère représentée dans le bas de notre planche, n° 2, est digne d’attention. Saut le bonnet, qui ne couvre pas sa tête nue, et le pantalon plus moderne, ce costume est en tout semblable k celui porté par LatcMmi, femme de Vichnou, déesse de la beauté, mère d’Amanga, dieu de l’amour, dans les repré sentations de la plus haute antiquité de cette Vénus indienne. La chevelure noire, luisante k force d’être humectée avec de l’huile de noix ou de coco, est divisée sur le front et se termine par une seule tresse nattée, retombant sur le dos, comme dans le type original; il en est de même pour les pendants d’oreilles, 1 anneau nasal, les grands et petits colliers, les bracelets de l’arrière-bras et du poignet, les anneaux des chevilles, des doigts de la main et des doigts du pied. La fine brassière, prenant l’épaule et couvrant à demi le sein, appartient également au type antique, ainsi que la jupe transparente, ramenée à la ceinture et retombant en tablier, et l’écharpe légère, brodée à ses bouts, à travers laquelle le torse apparaît. Notre danseuse appartient d’ailleurs à la secte de Vichnou, ce qui est indiqué par le stigmate qu’elle porte au front, entre les sourcils. Ces bayadères dansent presque toujours seules. Les trois ménétriers qui l’accompagnent n’ont ici que des instruments à vent et à percussion. L’un est une musette appelée tourti ou tourry, instrument très ancien, composé d’une outre surmontée d’un tuyau inflateur qui alimente un tube à anche, percé de quatre trous ; les deux autres sont des crotales et un tambour marquant la mesure et le rythme de la danse. Ce petit tambour est le matalan : on l’attache à la ceinture et on le frappe avec les mains. Le tal se compose de deux pe tites cymbales attachées par un lien ; l’un des plateaux est en acier, l’autre du même métal que les cymbales. La femme qui figure parmi les musiciens dit probablement la chanson. {D'après des peintures originales indiennes exécutées vers le commencement du siècle {propriété de l'éditeur). Le texte est tiré des ouvrages suivants : Ferrario, et Dubois de Jancigny, Inde, Univers pittoresque, publie par Firmin-Didot. )