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lés. L'en tari, de soie épaisse et lustrée, dessine les contours des seins ; il est échancré sur la poitrine et découvre la transparente chemise de beurundjuk; les plis tombants de cet entari sont larges et raides. La ceinture, en soie rouge, à larges franges terminées par des pompons, serre faiblement la taille. Le chahcar est en satin cramoisi. Les jxt- boudj, en maroquin jaune, ont leur extrémité recourbée. Le tchepten, le vêtement de dessus, est d’une grande simplicité de coupe ; ses man ches longues cachent les mains ; le dos et une partie de la poitrine sont ornés d’enroulements de feuillages, de rosaces, et de palmes, bro dés en soutache et gansés d’or. Femme d’artisan musulman d’Angora. — La coiffure est un fez presque droit, d’une hauteur moyenne, légèrement rétréci par le haut; le feutre en est épais et dur ; la plate-forme de cette calotte est une plaque d’ar gent minutieusement ouvragée, nommée bachlilc; le puskul de soie bleue est fixé sur le bachlik au moyen d’un gland en passementerie d’or, muni de petits anneaux ; un yéniéni de mousseline blanche, orné de fleurs peintes à la main, s’enroule au bas du fez et couvre à peu près la moitié du front ; des pendeloques de larges pièces d’or, tom bant entre les sourcils qu’elles cachent en partie, sont fixées sur le yé- méni à l’aide d’épingles et de chaînettes. De très jolies boucles d’o reilles, boucles creuses en filigrane d’argent, tranchent sur le noir des cheveux ramenés en avant ; un collier de piastres, des bracelets d’orfèvrerie, quelques bagues de cornaline « qui portent bonheur», ' complètent cette parure. Le costume proprement dit est la chemise transparente de soie, l'entari de coton rayé, taillé en cœur autour des seins, le court hyrJca de coton blanc piqué. Une ceinture de cuir peint, piqué de soie, à dessins coquets et variés, fixe à la taille le chahcar ; ce caleçon offre cette particularité qu’il est ouvert par devant comme le corsage de Ventari, découvrant ainsi la soie transparente de la che mise. Le chahcar est de satin à raies alternées de lignes de fleurettes. Les pieds sont chaussés de mest et de paboudj jaunes, dont la pointe est recourbée en croissant. Ce costume, dont les formes et les couleurs sont en heureux accord, a un caractère national des plus prononcés et des plus purs que l’on puisse rencontrer. N» 5. Juive de Brousse, en costume de ville (vilayet d’Hudavindiguar). — Brousse est, par excellence, une ville de productions manufacturières et de commerce international; il s’y trouve beaucoup de juifs, ban quiers, négociants, changeurs, colporteurs ; un des quartiers de la ville leur est exclusivement réservé. A la ville, une dame juive a l’air d’un énorme ballot ambulant. Par dessus le hotoz, qui cache entièrement les cheveux, composés déjà d’un bonnet de carton en forme de tuyau, ressemblant à celui de prêtres grecs, et du kavèzè, longue pièce de coton enroulée formant un tur ban lourd et écrasant, on met encore pour sortir le yalhmuk, mais de façon à ce qu’il ne cache ni le visage ni les bijoux fichés sur le bord de la coiffure et pendants de là sur le nez et les joues. Le feradjé dont on s’enveloppe est aussi d’une forme spéciale, très différente du feradjé des dames musulmanes. Les juives l’additionnent d’une pièce d’étoffe de soie, placée en fichu sur le haut de la poitrine et descendant sur le dos; ces dames portent les papoudj de maroquin à bout relevé. N° 6. Turcoman des environs de Brousse. — Les Tureomans de la province d’Hudavindiguar sont des nomades, amis de la paix et du travail, qui ne portent pas d’armes. Leur ancienne et noble origine les fait res pecter. Ce sont les restes d’anciennes familles de la tribu du Mouton- Noir, tige des empereurs turcs seldjoukides. Ils possèdent de vastes et grasses prairies, où paissent des troupeaux qui sont la source unique de leur richesse ; ils vivent dans l’aisance. Ils habitent pendant l’été le pla teau du mont Olympe; l’hiver, ils redescendent dans la plaine. Ces gens aiment la parure, et leurs costumes sont amples et riches; de larges broderies d’or rehaussent leur yelelc, leur salta, leur tchepken, leur chahcar; ils en mettent jusque sur l’épais Jcapout de drap rouge qui leur sert de manteau. Leurs pieds sont chaussés à l’aise avec des bottes de maroquin. Leur fez dur, à l’ancienne mode, est entouré d’un saryk, souple et moelleux, de coton blanc de Brousse, d’où pendent, autour d’un puskul de soie bleue long et bien fourni, des houppes coquettes. N 08 7 et 8. Les Zeïbek, caporal et sergent (vilayet' d’Aïdin, à l’est de Koniah, com prenant une grande partie de l’antique Phrygie, l’Bolide, l’Ionie, la Lydie, la Carie, la Lycie, — les Zeïbek sont des montagnards dont le costume et les habitudes diffèrent complètement de ceux de la popu lation qui les avoisine. Les uns assurent qu’on ignore l’origine de la signification de leur nom ; qu’eux-mêmes n’en ont aucune idée. M. le comte de Moustier ( Voyage de Constantinophe à Éphèse) certifie qu’il signifie indépendants. Il n’est pas probable que les Zeïbek soient de race turque ; leur physionomie rappelle celle des Thraces qui fondèrent l’antique ville de Tralles. Ces derniers dont le métier, dit-on, était fort approchant de celui du bravo italien, seraient les ancêtres directs des Zeïbek, parmi lesquels, d’ailleurs, se trouvent aujourd’hui des in dividus de races diverses, même des nègres. Longtemps indisciplinés et redoutés des populations sur lesquelles ils levaient des tributs forcés, les Zeïbek, convertis aux saines doctrines, sont employés en qualité d’auxiliaires des gendarmes; ils servent d’escorte aux voyageurs... Leur costume est, assurément, le plus excentrique de tous ceux que l’on rencontre en Orient. Le Zeïbek est d’abord surabondamment armé d’un luxueux fusil à pierre à long canon et à capucines innombrables ; de magnifiques pistolets à crosses d’argent ciselé, semées de fleurettes en turquoise et en corail ; du formidable couteau yataglian à la poignée en forme de houlette, au fourreau d’argent massif, repoussé en bosse gravé en creux. Le silahlik, la ceinture de cuir du Zeïbek, contient tout un monde, en plus des accessoires d’armes, harhi, baguettes de pistolets ; palaska, giberne ; sac à pierres de fusil, etc., etc., on y voit figurant à part, pour que chacun en puisse admirer les ornementations, un tchibouk, pipe ; une paire de pincettes, macha, et un sac à tabac monumental ; sans compter le bidon oriental où s’emmagasine la pro vision d’eau, la gourde caractéristique appelée lcabalc, citrouille, dont les cordons, pendants du cou jusque sur les cuisses, s’entrelacent à mi- chemin dans la ceinture ; sans compter, non plus d’autres cordons, en ’ ganse de laine, de soie ou d’or selon le grade, comme ceux qui appar tiennent à l'enam kècesst, la boîte carrée de métal précieux finement travaillé dans laquelle le tcliavouch, sergent, met les dépêches qu’il est chargé de transmettre. Le degré hiérarchique se révèle par la nature de toutes les pièces du costume : la ceinture d’armes, le silahlilc, n’est qu’à feuillets unis pour le simple onbachi, caporal, n° 7 ; pour le sergent n° 8, les dente lures dorées sont multipliées sur tous les compartiments ; le Iculah, com posé de fez ordinaires s’emboîtant, superposés comme les chachia, sous le liaîk arabe, est d’un feutre plus fin pour le supérieur, et les kèfiè, les mouchoirs de soie rayée brodés de longues houppes, y sont non seulement d’un tissu plus recherché, mais encore en plus grand nom bre. Le tcheplcen du sergent, taillé sur le même patron écourté, est tout raide de broderies d’or, tandis que celui du caporal n’a que d’humbles ornements, relevés toutefois, au collet, de rinceaux qui constituent la supériorité vis-à-vis du simple Zeïbek. L'entari court est de soie chez N» 4.