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tés de ce vêtement sont garnis d’appendices pour cet usage : on y atta che purement et simplement l’objet en question : c’est ainsi que l’on voit figurer ici un de ces jolis tchibouck à fourreau plissé, de soie et d’or avec houppes floconneuses, que les bergers asiatiques se plaisent à con fectionner ; ce petit étalage est tant soit peu mercantile, car ces tchi- bouk se vendent facilement aux étrangers. N° 4. — Paysanne musulmane de environs d Angora. L’habillement proprement dit est simple ; toute la recherche est dans le luxe des bijoux. Le tépélik est large, en argent repoussé, gravé, cou vrant le haut fez ; des chaînettes de métal y suspendent circulaire- ment un double étage de sequins, que la marche fait bruire doucement. L'armoudië et son sceau magique, divers ornements en or, se balancent encore autour de la tête. De légères boucles en filigrane sont pendues au lobe des oreilles ; un large collier, guerdanlik, en monnaies d’or et d’argent entremêlées, couvre les épaules et tombe jusque sur la ceinture de soie tunisienne. N° 8. — Artisan musulman (TAngora. Les principales industries de cette ville sont : la tisseranderie, la teinture des toisons et des maroquins, le tannage, la fabrication des tapis. Comme dans toutes les villes de la Turquie, les ouvriers d’Angora sont organi sés en esnaf (corporation), et le costume de chaque corporation, sans avoir rien d’absolument uniforme, a cependant toujours quelque chose de particulier : chok d’étoffe, couleur, arrangement de quelque pièce, qui permet de distinguer facilement les divers métiers les uns des autres. L’artisan représenté est, selon toute apparence, un tisserand de châli (étoffe illustrée de poil de chèvre d’Angora). Il paraît dans l’aisance ; c’est d’ailleurs le fait de presque tous les ouvriers ottomans qui dissimulent également leur richesse ou leur misère. Le costume de celui-ci n’a pas besoin de description ; la ceinture de châli blanc en est le seul luxe, et il dépasserait les ressources de celui qui la porte, s’il ne l’avait fa briquée lui-même. Ledjubbé de drap, de couleur foncée, que cet artisan relève par derrière son dos en prenant une attitude qui convient à un homme pénétré de son importance relative, découvre un élégant salta, qui est véritablement, soit d’un beau bleu ciel, soit d’un vert frais et gai, couleur de perruche, La chaussure consiste en mest noirs, plongés dans des paboudj rouges à bouts recourbées. N° 5. — Artisan chrétien d’Angara. On présume, d’après l’entente et l’harmonie des tons de son costume, que cet artisan est un teinturier. Suivant l’usage le plus commun chez les chrétiens de l’empire ottoman, sa coiffure est le fez de forme smyr- niote, de couleur sombre, à puzkul moyen, ni trop fourni ni trop maigre, et dépourvu de tout luxe d’étoffe roulée en turban. L’entari est de soie, de couleur unie, et bien croisé sur la poitrine. Les pieds sont chaussés de bottines lacées, les laptchin en chevreau mou, et de gondoura, souliers communément noirs, de forme ordinaire, sans bouts recourbés. La ceinture est de cachemire gris, et l’ample djubbé et à manches pa godes. N° 6. — Kurde des environs de Yuzgat. Yuzgat, dans le vilayet d’Angora, est une ville toute moderne, fondée vers la fin du siècle dernier. Les tribus kurdes M des Afchar viennent faire paître leurs troupeaux dans les steppes environnantes. Les Kurdes, qui s’y établissent l’été, sont vêtus à la légère. Leurs armes, utiles pour le moment, sont déposées sous la tente. Fez droit, en feutre épais et dur recouvert d’un mouchoir; yèmèni à fleurs; puskul volumineux; entari de cotonnade rayée de rouge, de noir, de blanc et de jaune, suivant la mode locale, boutonné au cou, par un seul bouton en forme de fleur de camomille ; il est fermé dans toute sa longueur au moyen d’une ceinture de soie tunisienne, à raies jaunes sur un fond rouge. Le tchep- lcm d’un gris blanchâtre est en feutre, et brodé en laine noire sur les côtés ainsi qu’au bas des manches; il laisse à découvert les deux bras. On se préserve de la fraîcheur, en boutonnant tout du long les manches de ce tchepken ainsi que son corsage. Les bottes rouges sont en fort maroquin doublé de plusieurs épaisseurs de cuir ; leurs pointes sont relevées en croissant. Les deux semelles de ces bottes sont si fortes que, frappées l’une contre l’autre, elles rendent un son analogue à ce lui d’une porte de chêne sous le heurtoir. N° 7. — Femme kurde des mvirons de Yuzgat. Le hotoz de la femme de la tribu des Afchar est un échafaudage extraor dinaire, composé d’un grand nombre de pièces. Le fez est entièrement enveloppé de serviettes de coton blanc qui sont, à leur tour, recouver tes jusqu’aux trois quarts de la hauteur de l’édifice principal, de plusieurs mouchoirs yèmèni croisant leurs feuillages peints sur une écharpe de soie à raies rouges et jaunes. D’autres serviettes de coton blanc pelu cheux , à franges et pompons placés en bordure, sont cousus par leur bord supérieur au bonnet, qui les dépasse d’un tiers environ de toute la hauteur de l’ensemble ; au besoin, on ramène ces serviettes sur le visage, pour le cacher aux yeux indiscrets des profanes d’un autre sexe. L’ac compagnement, en quelque sorte obligé, de ce monument grandiose, ce sont les énormes boucles d’oreille, cercles d’argent d’où pendent des chaînettes supportant des pièces de monnaie traînant avec bruit sur les épaules. D’autres chaînettes, plus grosses, sont fixées par des épin gles, à têtes épanouies en étoiles, sur les deux côtés de la poitrine ; elles s’y arrondissent en demi-cercle au-dessous du cou. Une épaisse plaque d’argent repoussé, où se voient des soleils entremêlés de lunes, s’étale fastueusement sur la ceinture de soie tunisienne, d’où pendent encore deux autres chaînes à plusieurs rangs de piastres. En fait de bijouterie, la femme kurde de la tribu des Afchar porte encore de grosses bagues d’argent à presque tous les doigts de ses deux mains. Ces femmes ont un tablier étrange ; il est de feutre noir, et tailladé comme les pans d’une dalmatique ; il s’élargit sur tout le devant de la jupe de l’entari; sur la poitrine, ce tablier se rétrécit considérablement : il n’y est plus qu’une bavette, puis, tout à coup, poussant une pointe sur chaque épaule en s’arrondissant autour du cou, le tablier passe sur le dos qu’il couvre en entier. On appelle chez les Kurdes cette pièce du vêtement yelek, gilet, mais son vrai nom devrait être eunluk, tablier. La chaussure, ce sont les mest dans les paboudj jaunes. L’origine semi-persane, semi chaldéenne, des hordes kurdes, se dé cèle par le hotoz de la femme de la tribu des Afchar. C’est une al liance de la tiare cylindrique des population orientales de l’antiquité avec le voile des musulmanes, dont la disposition dans sa partie infé rieure est d’une lointaine ressemblance avec le pschent des Egyptiens. Le dessin des personnages est emprunté aux photographies des Costumes populaires de la Turquie, ouvrage publié en 1873 à Constantinople par P. Sebah (texte par Ilamdy-bey et M. de Launay), sous le patronage de la commission impériale de l'Exposition de Vienne. Les détails du costume, ainsi que la colo ration, sont pris d’après les modèles en nature exposés par l'Union Centrale des Beaux-Arts appliqués à l'Industrie, Musée du costume, 1874.