Volltext Seite (XML)
TURQUIE ASIE MINEURE. COSTUMES DES V1LAYETS D’AÏDIN, DE KONIÈH ET D’ANGORA. N° 1. — Bourgeois de Manissa, vilayet d'Aïdin. Manissa passe pour le plus riche marché de coton de l’Asie Mineure. C’est une ville qui, sous le nom de Magnésie du Sipyle, fut la capitale de l’empire byzantin pendant que les Latins étaient maîtres de Constan tinople. Une portion de la tribu hellénique des Magnètes l’aurait fondée. Le bourgeois de Manissa porte le gilet à la franlea, sur une chemise dont le col n’a pas de cravate. Son minian est une veste simple ; ses souliers sont lourds et forts ; son/es est à la mode de Smyrne. Son chalvar à plis cassants est bouffant en bas par derrière, comme un sac de noix à moitié plein. Enfin, sa ceinture est large et à ramages. Sur cette cein ture, détail caractéristique, il étale bien proprement, en vue du public, son mouchoir de mousseline brodé d’or. N° 2. — Dame musulmane de Manissa. Cette dame porte l’antique fez en forme de mortier, brodé d’une bande de broderie d’or, couvert d’unpuslzul soigneusement étalé; un riche voile cousu au fez fait partie intégrante de cette coiffure. Le mintan est de la même coupe que celui porté par le bourgeois. La chemise est en beu- rundjuk et bordée A'oya; la jupe est longue et cache le chalvar; ce qui donne au costume de cette dame, outre sa coiffure, son caractère dé cisif , c’est la tchèvrè de mousseline empesée, à fleurettes de soie di versement colorées, mélangées de paillettes d’or, qui s’étale sur le de vant de sa ceinture de cachemire. N° 9. — Musulmane de Bourdour, vilayet de Konièh. Sa coiffure a les proportions d’un fez ordinaire ; de forme droite et basse, elle est ornée d’un lépélik placé, comme son nom le veut, sur le sommet de la tête. Ce tépélik est en argent, à peu près grand comme une as siette, et d’un travail assez soigné ; le puskul, bien fourni, de moyenne longueur, s’y rattache par un gland de passementerie de fils d’argent, autour duquel s’entrechoquent des piécettes d’or et un armoudié de même métal, ornement plat et mince allongé en forme de poire. Le suleïmanié, le sceau de Salomon, prince des génies, qui est gravé d’ordinaire sur l'armoudié, préserve non seulement du mauvais œil, mais encore assure à celui qui le porte la réussite dans toutes ses entreprises. On roule en turban autour du fez une pièce de coton rayée, jaune et rouge. Le sur plus du costume est simple, sans complications, de coupe franche. L'en- tari long, en étoffe de fil, descend tout droit sur les paboudj. La ceinture est une pièce carrée de châle mélangé de soie, à l’usage des classes moyennes, dans toute l’Asie. Le mouchoir, dont on fait parure là aussi, pend le long de la jupe ; c’est un yémèni de couleur foncée, à grandes fleurs, souvent peintes de tons violents. Le salta est de drap foncé et s’arrête à mi-chemin, entre le coude et le poignet, d’où pend la manche évasée de Ventari. Le vilayet d’Angora, qui est composé de l’ancienne Galatie et d’une partie de la Cappadoce, offre des exemples de costume des classes rus tiques d’un cachet tout particulier. N° 4. — Paysan musulman des environs <TAngora, l'ancienne Ancyre. La singulière enveloppe que porte ce paysan est le kepenek. C’est un par dessus de feutre blanc, orné de dessins fantastiques, qui ne laisse pas ser que la tête et les pieds ; ce n’est qu’une amplification du diphtère des anciens bergers galates, ou du sagum, porté encore aujourd’hui, sous le nom de bique, en Bretagne et dans les Landes. Le hqpènek est une véritable maison portative comme la eoquille de l’escargot, et parfaitement close ; non seulement on se couche soi- même sous le kèpènek, mais encore on y met à l’abri de la pluie, du serein, de l’humidité du matin etdu soir, les armes, les ustensilesde mé nage, les objets usuels petits et grands. Cette enveloppe, qui garantit du froid mieux que tout autre vêtement, a donné lieu à un proverbe turc : Kèpènek attendu her yateur, signifiant littéralement : Tout couche sous le kèpènek. Cette assertion proverbiale a plusieurs in terprétations , entre autres que, s’il faut entendre par ce proverbe que toute sorte de gens couchent sous le kèpènek, cela veut dire qu’on y peut trouver un prince comme un simple gardeur de chèvres. Tout ce qu’on voit du paysan musulman des environs d’Angora, en dehors de son kèpènek, se réduit à la tête et au bas des jambes. La coiffure est le fez rouge, entouré du saryk blanc dont la mouseline est rayée légère ment de vert et de rouge. Le caleçon, sortant d’un chalvar assez étroit, est assujetti par les cordelettes des tcharyk, qui sont en peau de chèvre garnie de poil. Lorsque le paysan galate possède quelque objet dont il puisse tirer vanité, il se sert de son kèpènek pour en faire l’exhibition. Les deux cô-