Volltext Seite (XML)
Si aucun des personnages ou des voyageurs qui ont séjourné à Constantinople à l’époque de la grandeur des sultans n’a dépassé l’enceinte de la troisième cour, ni jeté un coup d’œil au delà de la salle où le Grand-Seigneur, le Padischah, le Sublime Empereur, le Commandeur des Croyants, le successeur du Prophète, l’Ombre de Dieu, donnait audience aux ambassadeurs des puissances chrétiennes, presque tous ont recueilli de curieux documents ou ont écrit en quelque sorte sous la dictée de gens qui avaient vécu dans le sérail. Mais cet ensemble de renseigne ments n’ont pas la haute valeur de ceux donnés par Melling, architecte allemand qui, ayant eu la bonne fortune de diriger les embellissements des palais de la sultane Hadjigé et ceux de son frère Sélim III, fut à meme de pénétrer dans l’intérieur du sérail et d’y recueillir les nombreux matériaux publiés dans son Voyage pittoresque à Constantinople (1819), magnifique ouvrage auquel on doit l’intérieur du harem représenté. L’étiquette de la cour ottomane date également du règne de Soliman II; c’est ce souverain qui régla les attributions des hauts fonctionnaires, et dota le harem d’une organisation que le temps n’a guère altérée. Le sérail renfermait alors une population de six mille âmes dans laquelle les eunuques noirs et blancs, les nains, les muets, les femmes et les jeunes gens comptaient au moins pour trois mille. La plupart de ces es claves, nés chrétiens, étaient des enfants de tribut, c’est-à-dire qu’ils provenaient de l’espèce de dîme humaine que les pachas, gouverneurs de provinces, prélevaient chaque année sur les populations vaincues. Les jeunes filles passaient dans le harem et devenaient les compagnes d’autres captives venant de toutes les parties du monde ; car c’est là que les Tartares amenaient leurs prisonnières, les Circassiens leurs plus belles filles (comme ils le font encore aujourd’hui) et les pirates des États barbaresques des contingents relati vement considérables de femmes espagnoles, italiennes et françaises. Les plus intelligents des jeunes gens élevés dans le sérail étaient choisis comme pages de la chambre du sul tan, ou comme musiciens, secrétaires, porte-glaive, etc. ; quelques-uns arrivaient même aux hautes fonctions de ministre. L’élite de cette troupe était comme une pépinière de fonctionnaires ; le reste était dispersé dans les emplois subalternes. Les eunuques noirs étaient spécialement destinés à garder les femmes du harem ; les eunuques blancs s’oc cupaient des affaires domestiques et de l’éducation des enfants. Les muets, très habiles à serrer le lacet, avaient les fonctions d’exécuteurs des sentences du sultan, et les nains remplissaient le rôle de bouffons. D’après l’ancienne organisation, le chef des eunuques noirs porte le titre de Kizlar agkassy (chef des filles) ou celui de Dari seadet aghassy (chef de la maison de félicité) ; ce pacha à trois queues dirige le harem impé rial et se tient presque toujours aux côtés du sultan ; c’est, l’un des grands dignitaires et souvent celui qui jouit en réalité de la plus haute influence et qui distribue les faveurs à son gré. (Voir la figure n° 15 de la planche E N.) Sous les ordres du Kizlar-aghassy, sont : le Valideh aghassy, premier eunuque de la sultane mère ; le Sehaza- deler aghassy, gouverneur des princes ; le Kkazinédar aghassy, trésorier du harem ; le Buinh oda aghassy, surveil lant de la grande chambre des femmes ; le Kutsehuh oda aghassy, surveillant de la petite chambre et les deux imans de la mosquée du harejn. Le titre de sidtane est réservé à la mère, aux sœurs et aux filles du sultan. La Valideh sultan, mère du souverain régnant, jouit des plus grands privilèges; elle seule a le droit d’avoir le visage découvert en public. Si son fils vient à mourir la \ r alideh sultan perd son titre. Les cadinns sont les épouses du sultan, qui les choisit dans son harem ; elles se distinguent en première, deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième cadinn. Malgré la défense du Coran qui ne permet que quatre épouses, les sultans en prirent cinq jusqu’à Ibrahim, qui