Volltext Seite (XML)
décoration sans caractère national, on ne doit vraiment considérer cet ensemble que dans ses dispositions géné- , raies véritablement typiques. Le chauffage de la maison turque est fort différent du nôtre ; ou ne voit des cheminées en Orient que rarement, dans quelques maisons riches. L’usage du poêle y est inconnu. Le brasero de cuivre, encore dans les mœurs espagnoles, et dont usèrent les Romains et les anciens Grecs, est la manière la plus générale d’échauffer les chambres; on le place au milieu de la pièce. De plus les femmes ont leur tandour ou taundour, corruption du mot tennour qui signifie chauffe-corps. Le tandour est une table rectangulaire garnie de grandes couvertures touchant le sol, sous laquelle on met un brasero en cuivre couvert de cendres pour en régler la température. On s’y chauffe commodément en pre nant sur ses genoux le bord de la couverture; la chaleur entretenue sous la table est douce et salutaire. L’usage du tandour est général dans toutes les classes du pays, et même chez les Européens établis dans l’empire, qui en contractent l’habitude avec tous les étrangers. Le tandour est installé dans l’un des hiochés ou angles du divan, à la place d’honneur où s’asseoit la maî tresse de la maison. Les tandours sont des objets de luxe; les couvertures sont de satin, de drap d’or et d’ar gent, d’étoffe richement brodée. C’est au tandour que la lianum reçoit ses visites, et elles sont nombreuses avec le goût des réunions et des causeries si développé chez les Levantines. Les dames turques ne sont point recluses, et sous le yachmak et le féradjé elles sortent même absolument seules, allant et venant en pleine liberté. Elles se réunissent, toujours sur invitation,tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre. La maîtresse de la maison à son tandour place à sa droite celle de ses visiteuses à laquelle elle veut faire le plus d’honneur; c’est au tandour que se forme le cercle de la conversation ; c’est là que les hanums prennent ordinairement leurs repas et passent leur journée à fumer le tountounn dans les narguilehs ou les cliibouks, à consommer des sucreries, les doundourmas, à faire de petits repas, variant parfois ces occupations en exécutant des broderies au tambour, au métier hori zontal fixe. Le tandour, tel qu’on le voit ici, est posé sur une espèce de grand matelas, moitié moins épais que les divans, et il est garni d’une double couverture. Toutes les hanums sont en toilette. Document emprunté au Tableau général de Vempire ottoman, par Mouradja d’Ohsson (Ignace ), ambassadeur suédois à Constantinople; 2 vol. publiés à Paris en 1787-90. Le 3 e vol., par C. d’Ohsson, fils d’Ignace, a paru chez Firmin-Didot en 1821. Voir pour le texte T ouvrage des d'Ohsson; et dans le Tour du monde année 1803, les Femmes turques, leur vie et leurs plaisirs, par M. F. Jérusalèmy.