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draps de Murcie, les jaîques ou gazes, et les tissus de coton de Grenade. Les rois maures faisaient présent de ces étoffes aux souverains étrangers : en 1333, à la conclusion d’un traité de paix, on voit Mohammed IV, roi de Grenade, offrir à Alphonse XI, roi de Castille, plusieurs pièces d’étoffe en or et soie, de celles qui « se fabriquent à Grenade ». Ce sont les Arabes qui perfectionnèrent les procédés en usage pour le travail du cuir, et qui apprirent à l’Europe l’art du fourbisseur et de l’armurier. Leurs épées de Cordoue, de Saragosse et de Tolède jouissaient d’une grande renommée ; elles avaient tant de formes et de noms, qu’un auteur arabe, Mohammed-al-Heraury, a fait un livre intitulé « Esma-al-Saïf », c’est-à-dire les noms de l’épée. Pendant sept siècles de domination en Espagne, les Arabes déployèrent une activité qui s’étendit à toutes les branches de l’industrie, des sciences et des arts ; ils réussirent, sous ce rapport, à transformer matériellement et intellectuellement le pays et à le placer à la tête des nations de l’Europe. Etpadas ou épées. N° 11. Épée dite de Boabdil, dernier roi de Grenade. Poignée et poinmeau couverts d’émail, d’ivoire, de filigrane, et ornés de légendes arabes ; la garde, aux quillons recourbés, est formée de deux têtes d’éléphants et décorée de l’écusson des rois Maures ; des caractè res arabes sont gravés sur la lame. Cette arme, trouvée à l’Alhambra, a appartenu, suivant la tradition, au dernier roi de Grenade, Boabdil,surnommé el rey chico. On aurait peut- être là un échantillon précieux du talent de l’un des favoris du roi arabe, Julian del Bey, surnommé le Maure, armurier célèbre qui, après la chute de Grenade, fut l’un des premiers à embrasser la religion ca tholique, ayant pour parrain, à son baptême, le roi Ferdinand V. Les espadas du renégat, par l’excellente trempe de leurs lames et la rare perfection de leurs ciselures, ont placé Julian en tête de ces fameux artistes de Saragosse, de Saint-Clément, de Cullar, de Tolède surtout, dont les produits resteront toujours comme un témoignage de la supé riorité que l’Espagne a longtemps conservée en ce genre d’industrie. N° 12. Épée mauresque de Don Juan d’Autriche. Les ornements de la lame, légèrement en relief, sont dorés sur un fond d’azur ; ceux de la poignée à quillons recourbés, avec un relief plus fort, ont le même genre de décoration ; l’étoile, au centre du pommeau, est formée d’un émail rouge, blanc et vert. Cette épée a été dit-on, conquise par Don Juan sur un chef maure, à la bataille de Lépante. Figures tirées des peintures de la Sala de Justicia, de VAlhambra de Grenade. Les épées font partie de T Armeria de Madrid et ont été reproduites ici d’après les photographies de la collection Laurent. Voir, pour le texte : comte de Circourt, Histoire des Mores Mudejares et des Morisques, 1845-48. — Viardot {Louis), Histoire des Arabes et des Maures d’Espagne, 1851. — Catalogo de los objetos de la Real armeria, Madrid, 1863. — Baron Charles Davillier, Voyage en Espagne.