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ticité de la vie en Kabylie, demandent plus de temps que n’en exige la recherche des jeux d’une draperie et sa fixation avec les ibesimen. Quel que soit son âge, toute Kabyle teint sa chevelure ; si noirs que soient naturellement ses cheveux, ils ne le sont jamais suffisamment à son gré. On emploie pour cet usage un composé de trois parties de noix de galle et d’un mélange de sulfate d’antimoine et de pyrite de cuivre, Yhadida, le tout délayé dans de l’huile d’olive, puis soumis à la chaleur, de manière à former une pâte. La chevelure, empreinte de cette mixture, doit rester sous le linge pendant trois jours; ce n’est qu’au bout de ce temps que les cheveux sont peignés, huilés, et que l’opération est terminée. Les sourcils se teignent parle même procédé. Une femme en toilette a toujours sur elle, dans les plis de ses vêtements parmi ses objets de parure, le petit étui en roseau ouvragé, avec l’aiguille dépolie en argent ou en fer, contenant le kohl ou kolieul. A propos de cette teinture spéciale des cils, il n’est pas sans intérêt de faire remarquer que la coquetterie n’est pas la raison unique de l’emploi de cet ingrédient qui, en Kabylie, n’est que du sulfure de plomb natif. Le kohl est considéré par les Arabes comme un véritable collyre, comme un remède souverain contre les ophtalmies dont on sait la fréquence dans ces climats. La couche pulvérulente que l’aiguille dépose sur les cils en les colorant d’un noir bleuâtre, qui a pour effet principal de donner de la douceur au regard, préserve, en outre l’œil de la vivacité et de l’éclat des rayons lumineux. La pommade de teinture pour les cheveux, et le fard employé par les femmes kabyles, sont des cosmé tiques tout à fait primitifs. La salive joue un rôle important dans la confection du fard, et il en est de même pour son application, car c’est sur une couche de salive qu’on enlumine la joue. Ce fard se compose d’une gomme laque de belle couleur rouge, réduite en poudre, et d’alun mêlés en parties égales et incorporés dans une pâte faite de raisins secs, triturés avec de la salive que l’on ne se procure en quantité suffisante qu’en mâchant de l’écorce de noyer; roulée dans une poudre odorante, le sernbel, cette première pâte devient un opiat que l’on fait sécher et dont on se frotte légèrement les joues, après les avoir préalablement mouillées de salive, comme on vient de le voir. Il paraît que les filles en toilette de mariage abusent de ce rouge un peu vif qui contraste d’une manière choquante avec le bistre de leur visage ; mais les matrones, plus expérimentées, en usent si adroi tement qu’il semble que le rose de leur visage soit sa parure naturelle. Dans les notices, Afrique, ayant pour signes : l’Etrier, le Canif, la Roue d’engrenage, etc., il est parlé assez amplement des Kabyles, du vêtement de leurs femmes, de leurs bijoux, du caractère de l’épouse, pour n’avoir à relever ici . que quelques traits complétant leur physionomie. Le vase typique que tient notre dame kabyle est de cette argile commune, thalakht, très abondante partout en Algérie, dont sont faites toutes les pote ries, depuis l’humble tasse jusqu’aux plus grandes amphores; les couleurs y sont fixées au moyen d’un vernis composé de résine de pin et d’un peu d’huile d’olive. Ce sont tous travaux de femmes, et les Kabyles montrent une grande habileté dans ces sortes d’ouvrages faits avec goût. Les principaux ustensiles de ménage dont elles peuplent le gourbi sont Y assagoum, Yachmoukl, Yaziar, ou les cruches à eau de diverses espèces dont quelques- unes rappellent, par leur forme, les'amphores romaines; Yabo kal le thaboukalt, pots à eau : des petits vases pour le lait, l’huile, etc., tassa, tliabouiddouth; des casseroles pour la cuisson des galettes, aferrah, tadjin; des marmites; ihasilt, thakedourth, timesebbouith, thimeserbah. Relativement au découvert habituel du visage de la Kabyle dans son village, il est encore utile de sa voir que les coutumes environnent cette liberté de certaines précautions. Les femmes doivent être respectées, être à l’abri de toute rencontre fâcheuse, de tout propos inconvenant, et même de tout regard indiscret. La loi interdit aux hommes de se trouver sur leur passage ou de se présenter t\ la fontaine pendant qu’elles s’y trouvent; s’il y a dans la localité plusieurs fontaines, il y en a de particulières réservées à leur usage exclusif; s’il n’y en a qu’une, les femmes ont des heures spéciales pour y puiser l’eau ou pour y laver, sans qu’aucun homme s’y trouve. La femme ne doit pas s’arrêter dans la rue; il lui est défendu d’y marcher en se regardant dans un miroir. «. Le miroir attire les amants aussi bien que les alouettes. » Enfin, si elle est mariée, il lui est enjoint de ne pas sortir tête nue. La montagnarde représentée ici a une beauté d’aspect et une franchise d’allure qui conviennent bien à son