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— A l’exception des montants et des piquets, aucun des accessoires de la tente ne doit être en bois on en fer; tout doit être fabriqué en alfa ou en diss, qui se tressent en cordes, et dont on fait des nattes, des paniers, des coussins, sans que le végétal subisse aucune altération préalable. De même que le maître du lieu doit toujours être prêt à monter à cheval et â combattre, tout dans la tente doit pouvoir se plier, s’enlever, se répartir sur les bêtes de somme, facilement et avec rapidité. Tous les indigènes vivant de la vie nomade sont dressés dès l’enfance à ces manœuvres et aussi à des travaux divers ; ils savent non seulement tisser l’alfa ou le diss, mais il n’est aucun d’eux qui ne soit en état, si un objet usuel vient à manquer, de le remplacer à l’instant. L’existence sous la tente exige que tout ce qui y est fabriqué à la main puisse l’être promptement, en tous lieux, par chacun. Le soir venu, on clôt la tente en baissant les feldja de l’entrée; les vieilles femmes, les enfants dorment d’un côté; les époux, de l’autre. Dans les régions froides, dans les montagnes, on entoure la tente et les troupeaux de branchages qui ne sont pas utiles seulement pour se préserver des intempéries, mais servent encore à se défendre contre les voleurs, les entreprises des amoureux et les attaques des fauves. Un douar est la réunion d’un certain nombre de tentes, habitées généralement par des membres de la même famille. (Chez les musulmans, la famille, par suite de la polygamie, de l’adoption, de la légitimité des enfants nés des femmes esclaves, de la parenté de lait, prend des proportions considérables.) Les tentes sont placées en rond, l’entrée regardant l’intérieur du douar. La vie sous la tente diffère selon les occupations de ceux qui l’habitent. Le pasteur est nomade, et il change de campement tous les jours, s’il en est besoin ou si tel est son bon plaisir. Le laboureur est forcé ment retenu au champ de culture pendant un temps plus ou moins prolongé ; son douar n’a pas la mobilité de l’autre et prend facilement l’aspect d’un village fixe. En Algérie, le nomade est l’Arabe saharien, le la boureur est le paysan tellien. Au printemps, pendant l’été, le Saharien, amène ses troupeaux dans les vertes campagnes du Tell; c’est l’hiver seulement qu’il retourne s’enfoncer dans les solitudes sahariennes. On dit que ce nomade, qui parle dans sa pureté native l’idiome du Coran, regagne avec d’autant plus d’empresse ment ces solitudes qu’il considère les campements sédentaires des laboureurs telliens comme des lieux infé rieurs, corrompus. Dans sa vie de cultivateur, le paysan telljen se réserve tout ce qui n’est pas du domaine de la tente; c’est lui qui laboure, moissonne, dépique le grain, l’ensilote; il tond les brebis, surveille les troupeaux, court les marchés, enfin monte à cheval pour la chasse ou la guerre. La femme allume le feu, au matin, pour faire bouillir l’orge, prépare les galettes, compte le bétail, va à l’eau, au bois; elle trait les brebis, fait le beurre, nettoie les enfants; c’est elle qui tisse lefelidj, les burnous, les tapis, etc. Ainsi que nous le disons, pl. Afrique, au signe de la Tête de nègre, il n’y a pas de tribus errantes en Algérie; y en eût-il que la tente représentée leur conviendrait entièrement. La femme indigène, non seule ment tisse la tente, mais encore la bâtit. La Kabyle appuyée sur un vase, occupant le bas de la planche, est habillée pour un jour de cérémonie; elle est mariée, car la coiffure, Yachouaou thabenikt, annonce la femme soummise à la puissance conjugale; elle n’est pas mère d’un garçon, car on ne voit pas sur son front le radieux thabezimtJi, le bijou de forme ronde qui annonce qu’elle a donné un défenseur au village ; à moins que depuis ce glorieux enfantement elle ne soit accouchée d’une fille et n’ait dû déposer le bijou dont elle s’enorgueillissait. La Kabyle qui se pare quitte la robe en chemise ordinaire, fixée par une ceinture simple, vêtement unique, à peine suffisant pour la préserver du froid et sauvegarder la pudeur ; elle prend une robe à bords frangés, se couvre de ses bi joux émaillés et se drape de mouchoirs à dessins, de couleurs généralement voyantes. Ces draperies à plis- sures fines, souples, disposées avec goût, sont fixées aux épaules, aux hanches, et, comme un voile rejeté en arrière, elles descendent de la coiffure plate et caractéristique de la montagnarde habituée à porter des far deaux sur sa tête. (Dans leurs villages les femmes kabyles ne se couvrent pas le visage, le voile étant réservé aux femmes de marabouts.) Mais les grands jours, il ne s’agit pas seulement de prendre les vêtements, les bijoux d’exception; le matin même de la solennité, il faut se préparer à l’avance, et les préliminaires de la toilette, malgré la rus-