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N° 5. — Porte-faix. Un caleçon, une chemise, une calotte de feutre : c’est le fellah d’Égypte. Alger est plein de ces serviteurs de la rue, qui couchent au hasard. N° 6. — Spahis indigène. La formation des corps militaires indigènes remonte au 1 er octobre 1830, époque où des bataillons d’infanterie furent créés sous le nom de zouaves. La cavalerie prit naissance le 10 décembre de la même année. Elle était formée primitivement d’un mélange de Français et d’indigènes; l’organisation actuelle consacre, en principe, la séparation complète des corps français et indigènes, réguliers et irréguliers. En conservant à ces troupes leur costume national, en rapport avec le climat, le gouvernement français, qui l’a même appliqué à des troupes françaises, a certainement montré plus de discernement que les princes musulmans qui donnent à leurs armées régulières le costume européen. Le n° 8, dont le voile ample, attaché par le bas, a une physionomie si particulière, provient des environs d’Alger. Cette femme porte, au bout d’un collier, l’une de ces amulettes dont l’usage est si répandu, que les personnes les plus éclairées, comme les plus ignorantes, ont toujours sur elles quelque chose de cette nature. Le mauvais œil ou Y œil envieux, accusé de toutes les maladies, de tous les événements fâcheux qui survien nent, c’est la croyance de tout Oriental. Ce sont les marabouts qui font et donnent les talismans, nommés telsem, auxquels est reconnu le pouvoir préservateur. Il y en a de beaucoup de sortes, doués de vertus particulières, servant de moyens curatifs, en grande réputation. Un médecin arabe contente son client en lui remettant un morceau de papier, un fragment de parchemin, sur lequel sont inscrits les noms de Dieu, des pro phètes , certains versets du Koran. C’est toute une pharmacopée talismanique, en pierre3 plus ou moins pré cieuses, tantôt chargées d’inscriptions, tantôt non gravées, mais toutes infaillibles. Le Maure regarde la topaze (yayout-astar) comme un spécifique souverain contre la jaunisse et les affections bilieuses. La cornaline ou sar- doine, la gemme rouge, que les Arabes nomment hadjar-ed-dam, pierre du sang, est excellente contre le flux de sang et l’hémorragie. Les nourrices manqueraient à tous leurs devoirs si elles ne portaient pas de bagues dont les chatons sont des turquoises, qui augmentent la qualité nutritive de leur lait. Le rubis fortifie le cœur, éloigne la foudre et la peste; il apaise la soif, etc. L’émeraude guérit la piqûre des vipères, ou toute autre blessure venimeuse. Elle aveugle même les serpents auxquels on la présente; elle chasse les démons et les mauvais esprits; c’est un spécifique contre l’épilepsie, les douleurs d’estomac, les maux d’yeux. Le diamant (elmâs) n’est pas moins utile et a des vertus analogues. La cornaline a encore d’autres qualités que celles signalées plus haut, elle calme la colère, guérit les maux de dents; elle préserve de la mauvaise fortune, est un gage de bonheur constant et de prolongation de la vie. L’hématite (mayhnâttys) calme les douleurs de la goutte, facilite l’accou chement, détruit l’action des poisons. Le jade (yechm) garantit de la foudre et des mauvais rêves. Enfin la gemme appelée œil de chat (ayn-el-hor) préserve de l’influence des mauvais regards, et met à l’abri des coups du sort; bien plus, dans un combat, elle rend celui qui la porte invisible aux yeux de son adversaire, etc. Ces précieuses re cettes sont consignées par un écrivain arabe, nommé Teyfâchy, dont le manuscrit est conservé â la bibliothèque nationale de Paris. Cette étrange pharmacopée occupe l’ouvrage entier; tous les spécifiques y sont indiqués contre la gale, la fièvre et la rogne, et même contre les chutes de cheval et les blessures de toute espèce.