Volltext Seite (XML)
toffe encadrant le visage; on remarque encore dans cette figure le beshir, mais cette pièce d’étoffe n’est pas ici destinée à cacher le bas du visage, elle fait partie de la coiffure et couvre immédiatement la tête. Gandoura aux larges manches. Burnous de grosse laine fixé sur l’é paule (arrangement qui rappelle l’antiquité). Bracelet de cuivre. ÉGYPTE. N° 15. Fellahine ou paysanne. Les Fellahs forment la population agricole de l’Égypte. La conformation et la physionomie de la fellahine offre une grande analogie avec les figures sculptées sur les anciens monuments ; telles sont les statues d’Isis, telles sont ces Égyptiennes modernes. Malheureusement, la beauté de la femme fellah se flétrit vite par les fatigues de la mater nité et les souffrances d’une situation misérable. Le seul luxe de la famille du cultivateur est, avec l’usage du café, celui du tabac. La figure ci-jointe tient à la main une des longues pipes de terre dans lesquelles les fellahs fument un tabac indigène soumis a une simple dessiccation et dont le parfum est, paraît-il, très agréable : c’est pour eux un enivrement et une tonification tout à la fois. Sur la tête de cette fellahine on voit un ustensile de cuivre. Elle a pour vêtements, un ielech, grande robe bleue recouvrant un libas (cale çon) de toile ou un chintyan, petite robe d’indienne, et un long tablier bordé d’un liseré rouge. La coiffure présente une certaine complication : acbeh, fichu, en soie de couleur éclatante, posé sur le libdeh ou petite Calotte, de manière à laisser tomber une des pointes de chaque côté du visage et la troisième sur la nuque; sur ce fichu, on met le tar- bah, le grand morceau de toile de coton ou de mousseline qui part du Bommet de la tête et descend en arrière comme un voile jusqu’au bas de la robe. Quand les femmes veulent sortir de la maison, elles pren nent le borquo, longue bande de gros crêpe noir couvrant la figure à l’exception des yeux et retombant assez bas sur le tablier; ce borquo est garni de rubans qui l’attachent de chaque côté de la calotte. Une rangée de grosses perles de métal ou de verroterie est adaptée à cette même calotte ou libdeh, afin de maintenir le borquo an milieu du front en même temps qu’elle l’écarte du nez et permet à l’air de circuler sur le visage ; à droite et à gauche pendent quelquefois des chaînettes for mées également de perles fausses ou de piécettes de métal (voir la bi jouterie rustique de l’Égypte à la planche AY, Orient). Cette femme tient aussi un tamis pour le dépiquage des grains. Les paysannes égyptiennes se servent peu du henné; les rudes tra vaux de la campagne auraient bientôt enlevé cette coloration orangée dont les femmes oisives ornent le bout de leurs doigts. Ces femmes subs tituent à l’usage du henné un tatouage indélébile ordinairement bleu ou vert, dont elles se couvrent le front, la poitrine, le dessus des mains et les bras ; les plus modérées de ces fellahines en ont au moins sur le front et sur le menton. Ce raffinement de coquetterie exotique forme un étrange contraste avec les misérables occupations auxquelles ces femmes sont condamnées. N os 16 et 17. Mendiants ; types slaves. La mise de ces deux mendiants offre un mélange hétéroclite de vête ments empruntés à différentes populations de l’Orient européen. Celui qui joue de la guhzla (n° 16) et qui paraît aveugle, porte sur sa chemise croisée une longue veste rapiécée qui n’a pas de caractère bien tranché ; un large seroual (pantalon) d’aspect turc, est maintenu autour des reins par une samla ou ceinture. Le compagnon (n° 17) qui guide cet aveugle vrai ou feint, est armé d’un gros bâton et porte un sac vide sur l’épaule droite ; il est vêtu d’un pelisson bulgare en peau de mouton, au poil tourné en dedans et garni d’applications de drap coloré, du genre valaque. Ses longues chausses sont aussi de peau de mouton. Tous deux ont des chaussures munies de cordelettes s’entrecroisant autour des jambes, comme en portent toujours les Roumains et les riverains du Danube. L’un est coiffé d’un bonnet en fourrure et l’autre d’une sorte de ché chia. Le Roumi, corruption du Romain, est le « chien de chrétien » par excellence ; l’expression, appliquée indifféremment à tous les Européens, désigne encore l’ennemi du temps de Jugurtha, comme elle indique, avec le même sens hostile, le non-musulman qui, pour les fi dèles, sera toujours aussi un ennemi. Ce que l’on peut observer ici, au point de vue spécial du costume, c’est combien sous des haillons, le Roumi du littoral de la Méditerranée conserve toujours le caractère, du moins général, de sa nationalité. Il y a la, on peut le dire, tout autant de fierté que de misère ; car ces mendiants ont, malgré tout, l’intuition qu’ils sont une avant-garde de ces populations européennes pour les quelles l’envahissement définitif de l’Afrique septentrionale n’est plus qu’une affaire de temps. Documents photographiques provenant cl’Alger, de Bône et de Tunis. Voir, pour le texte : les Classes pauvres en Egypte (Magasin Pittoresque, année 1847). — Dunant (Ilenri), La Régence de Tunis, 1858. — Michel (Léon), Tunis et l’Orient africain, 1867.— M. J. de Grozals, Bizerte, son passé, son présent et son avenir (Revue de Géographie, octobre 1881). — M. Maurice Wahl, l’Algérie, Germer-Baillére, 1882. — M. Paul Gaffarel, l’Algérie, histoire, conquête et civilisation, Didot, 1883.