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il y en a du jaune, du blanc attribué à une maladie, du panaché, enfin il y en a du noir, celui qu’on appelle le corail mort. Le corail est aussi dur que la perle, et le lapidaire, pour le tailler et le polir, le travaille comme les pierres précieuses. Les peuples noirs ou basanés le préfèrent à toute autre pierrerie, parce que sa matité dis crète est un heureux intermédiaire entre le brillant du métal et les tonalités de la peau. Les Kabyles donnent au corail travaillé de leurs bijoux la forme de perles longues ou rondes, et même de croissant; quant au corail brut, on se sert de ses petites branches, en les enfilant, pour relier les parties métalliques des colliers, des bou cles d’oreilles, où elles alternent régulièrement. Les parties métalliques, dans les colliers, sont des surfaces rec tangulaires, ornées de corail travaillé en figures de perles ou boutons, serties avec du laiton filigrané, et décorées en outre de fleurettes ou de fragments végétaux, coloriés en émail ; on emploie, pour les grandes divisions, de fort laiton enroulé en corde, lequel est rivé par des clous à têtes rondes qui sont une partie de l’ornement ; on combine parfois avec ces plaques rectangulaires des piécettes de forme circulaire et de module inférieur, qui varient les alternances; les Kabyles, pratiquant la frappe des monnaies, en ont toujours à leur disposition. Pour les bracelets, dont le métal est une feuille légère, on se sert du repoussé, de l’estampage. Enfin le métal de l’épingle-crochet, la double broche portée par toutes les femmes, est incisé. Le fragment de ceinture, n" 12, dont l’ornementation est faite de cauris ou coris gris, petits coquillages reliés entre eux, d’une certaine valeur (car ils servent de monnaie dans quelques parties de l’Afrique), et de grains isolés disposés en demi-rosaces, montre, sous un mode autre que la joaillerie, la simplicité de bon goût et l’unité des principes décoratifs auxquels obéis sent les Kabyles. L’originalité de ces parures est assez sensible pour que là-bas, en Algérie, on ne confonde pas les produits kabyles avec ceux qui sortent des mains arabes. » V ( . t 'S Il y a dans la grossièreté rudimentaire de la confection de ces joyaux forgés et montés par des paysans, dont l’instruction sous le rapport de la métallurgie et de l’art est toute de tradition, une sagesse qui n’est pas ordi naire. L’ordonnance, mesurée, correcte, est toujours sobre et claire ; dans la plénitude des formes, la simplicité des lignes de division, la largeur de la répartition, on sent l’observation des principes généraux d’un certain ordre; il nous paraît intéressant d’indiquer à quelles antiques formules d’art peuvent être attribuées les qualités excep tionnelles des traditions kabyles, en dehors du contact arabe. Les caractères d’ensemble et de détail de la déco ration des stèles des tombeaux carthaginois, exposés l’année dernière au champ de Mars, par le ministère de l’Instruction publique, leurs fleurettes régulières, le croissant même qui s’y rencontre fréquemment, la nature des divisions, indiquaient, autant qu’il peut exister d’analogie entre l’architecture et la bijouterie, de certains rapports entre ces restes imparfaits de l’art phénicien, et les modes en vigueur dans la Kabylie. L’histoire nous semble expliquer et confirmer ces rapports. La Numidie, du nom donné par les Grecs, Nomades, Nopz^e;, aux tribus errantes qui l’habitaient, n’était séparée du territoire de Carthage que par la rivière Tusca. Sans remonter jusqu’aux temps de l’antique Kambé, sur l’em placement de laquelle Carthage fut bâtie, aux époques où, à la suite de l’invasion des Pasteurs en Egypte, quelque deux mille ans avant notre ère, naquit sur ce territoire une nation nouvelle, « celle des Liby-phéniciens (( du mélange des Sidoniens nouveaux venus avec des descendants des tribus chananéennes, et les gens de race