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salubre. Dans la plaine, il est laboureur, pasteur, toujours au champ; sur les pentes des montagnes, il est jardi nier, passant sa vie au milieu des vergers; c’est là qu’il cultive l’olivier,pour fournir aux innombrables pressoirs exprimant sans cesse les flots d’huile qui se répandent sur un espace cent fois plus grand que celui occupé par la Kabylie, des limites de la province d’Alger à la régence de Tunis, et de la Méditerranée au pays des noirs. C’est sur les mêmes marchés éloignés que les immenses provisions de fruits, entassées annuellement dans chaque village, dans chaque maison trouvent aussi leur écoulement. Ces produits sont principalement dus au travail des femmes ; ce sont elles qui cultivent à peu près exclusivement les arbres fruitiers, et c’est surtout par leur labeur que l’aisance, et même l’opulence entrent à la maison. Cette aisance se traduit par quelque achat fait au colporteur israélite qui apporte les fantaisies algériennes, ou par l’invitation à un orfèvre ambulant désinstaller devant la maison pour fabriquer quelques objets sur commande. C’est un spectacle intéressant que celui de cet atelier en plein vent, installé et fonctionnant à merveille avec une in croyable rapidité. Ce sont surtout les Beni-Yeni qui, allant par couple de village en village, arrivent un jour of frir leurs services. Tout l’attirail est dans un sac en peau de bouc. Sont-ils requis, on déballe devant la porte du client le sac qui devient le soufflet de la forge, alimentée par le charbon de bois du laurier-rose ; les enclumes sont fichées en terre ; le métal est bientôt en fusion et saisi par les pinces légères, le voilà prêt à subir toutes les transformations. C’est cet atelier que nous représentons dans notre planche, car nous avons pensé que l’adroit et industrieux Kabyle devait être montré dans son activité. C’est encore à ce point de vue que nous avons fait figu rer au haut de la même planche la fabrication céramique à la main. C’est une femme des Beni-Aïssi qui se livre à cette besogne toute primitive. Quant aux deux femmes assises à droite et à gauche, au bas de la planche, elles se livrent à la confection du couscoussou, travail qu’il faut recommencer tous les jours. Comme on le voit, les femmes se servent d’un mou lin à main pour l’écrasement du grain de froment, humecté avec de l’eau, et introduit au fur et à mesure par l’orifice de la meule conique. Cette opération terminée, le couscoussou offre l’aspect d’une grosse semoule, chaque grain ayant la grosseur d’une forte tête d’épingle. Il est blanc selon le choix de la céréale, la finesse de la manipulation, le soin et le temps mis à sa confection. On l’assaisonne avec du lait caillé, ou avec du meurga, graisse mêlée à beaucoup de poivre et de piment. On sert le couscoussou dans de grands plats de bois et les con sommateurs accroupis autour y puisent avec de petites cuillers également de bois. Pour la dtffa, on mêle en gé néral à ce plat de la viande de mouton, des poulets cuits à l’eau, du lait aigre, du miel. Chacun ayant ouvert, en ce cas, son trou dans le plat avec la petite cuiller, y opère un mélange à sa guise, et déchire avec ses doigts la viande qu’il en tire. L’eau est la seule boisson en usage dans les repas, et l’ivresse n’est à la portée du plus grand nombre qu’au moment de la récolte des figues, ce fruit étant à ce moment dans un état de fermentation qui la produit. Ivre comme un Kabyle gorgé de figues, est passé en proverbe. Les prototypes des dessins des tatouages kabyles, ayant des places consacrées, semblent avoir plus de rap ports avec la structure delà lettre cadméenne qu’avec l’hiéroglyphe égyptien; mais en leur attribuant une ori-