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balance est suspendue à un appentis; des claies pour le séchage des figues vont d’une traverse à l’autre dans les combles. Nous représentons cet intérieur sous deux faces, afin de donner une idée aussi complète que possible d’une pareille installation qui, au dehors, comprend une cour peu spacieuse, commune à plusieurs maisons dont elle est l’unique accès. En général, cette cour est remplie d’immondices. Telle est la demeure fixe où le Kabyle mène la vie sédentaire, dans de hauts villages, dont quelques-uns ont des proportions de villes, en regard de ses anciens maîtres, continuant l’existence des nomades et vivant encore sous la tente pastorale. Nous avons parlé, dans la notice de la planche ayant pour signe le Canif, du rôle des femmes dans la société kabyle, de leur liberté relative, du respect qu’elles inspirent souvent malgré leur état habituel d’infériorité : il n’y a donc pas lieu d’y revenir ici. Il ne sera pas toutefois hors de propos d’indiquer la constitution du village kabyle, car son organisation sociale semble contribuer puissamment à l’attachement que fait éprouver à ce demi-civilisé sa demeure si rustique, cabane, resserre, étable, ressemblant beaucoup, si elle n’est absolument identique, à celle où l’Évangile place la naissance du Christ, étable où se trouvent encore le bœuf et l’âne de l’abri rayonnant de Bethléem. Le village kabyle, ou déliera, est formé par la réunion de plusieurs familles, kharoubas, dont chacune choisit parmi ses membres un représentant au conseil municipal; un dhaman, qui au besoin, sert de caution pour chacun des siens; un oukil, gérant la caisse commune alimentée par les droits perçus pour les mariages, les naissances, les morts, et grossie par les amendes. L’autorité est exercée par un amin, choisi à l’élection et à tour de rôle dans chaque kharouba. Ce chef veille â l’exécution des kanoun, ou canons qui ne sont autres que l’énoncé des coutumes en usage de temps immémorial en Kabylie ; le seul code en vigueur est le koran, et tous les délits se résolvent en cjrolios ou amendes. Dans chaque déhera est établi un taleb ou maître d’école, qui est l’iman de la mosquée ; tout village possède ainsi son temple et son école. Cette mosquée est, en général, la plus belle maison de l’endroit, et sert d’hôtellerie aux voyageurs; elle est entretenue et les voyageurs y sont défrayés aux frais des habitants. Le Kabyle industrieux, qui montre tant d’incurie dans la disposition de sa demeure, centre d’insalubrité où règne une affreuse saleté contribuant à perpétuer des maladies héréditaires, est si profondément attaché aux anciennes coutumes qu’il ne paraît nullement se préoccuper des améliorations que pourrait recevoir son intérieur. Tiède musulman, mais fort superstitieux, il accepte certains maux avec la fatalité orientale, et il semble que chez lui il se plaise surtout à pouvoir contempler d’un seul coup d’œil tout ce qui lui est le plus cher : sa réserve alimentaire, ses bestiaux, sa monture, ses gens. D’ailleurs, il ne séjourne guère à la maison ; le travail productif qui, dans ses goûts occupe le premier rang, le retient presque constamment au dehors où, heureusement, il vit dans un air