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teté; car, semblables aux anciens Germains, les Kabyles supposant à leurs femmes une mission religieuse, leur reconnaissent une puissance d’inspiration. Elles contribuent d’ailleurs, par le travail manuel, à procurer l’a bondance au foyer domestique. Dans toutes les tribus, les femmes tissent la laine et façonnent les burnous qui constituent un objet de commerce. Elles sont, en outre, chargées des rapports de la maison avec le dehors et le plus souvent, suivant les hommes à la guerre, elles ne craignent pas de s’exposer au danger pour les exciter à la bravoure par leur présence. Enfin, comme les hommes, comme les marabouts, elles peuvent remettre Vanoya, ce sauf-conduit peu prodigué dont l’investissement est d’une si grande utilité pour la sécurité du voyageur, de l’étranger faible ou persécuté, devant lequel toutes les haines elles-mêmes se trouvent désarmées. Les femmes sont blanches, et dans beaucoup de localités il y en a d’une grande beauté. On signale surtout les Saïdiennes et les Guisfariennes. Dans les villages situés sur les cimes des montagnes, régions glaciales souvent envahies par la neige, les femmes, selon l’expression d’un habitant du pays, sont parfois rouges comme du corail. \ Le Kabyle, pasteur, agriculteur, forgeron, maçon, taillandier, armurier, fabriquant de monnaie, ayant tout à la fois le goût du travail et de l’indépendance, est un homme simple et rude, pratique et positif, doué de l’ima gination et de l’aptitude des mains. Pour lui le fusil est ce qu’était pour les Romains la toge virile ; il le reçoit à seize ans des mains de son père; sans le fusil, dans cette société dont la base est cependant foncière ment démocratique, il n’y a ni considération, ni honneur. Ceux qui n’en ont pas servent les autres jusqu’à ce qu ils aient gagné la somme nécessaire à son acquisition. Dans la détresse, le paysan kabyle vend un boeuf sur les deux qu’il possède, son âne, mais jamais son fusil (1). Le Kabyle, dans la plus grande simplicité de son costume national, a pour coiffure la calotte, commune à toutes les classes indigènes; pour vêtement, la chemise de laine, 1 q derbal, qui se porte avec ou sans la ceinture de laine, et un tablier de cuir. Le complément est le manteau à capuchon, le burnous, qui se met avec ou sans le haïck, et la chaussure. Souvent le Kabyle n’a pour tout bien qu’un derbal en guenilles. La chevelure frisée des filles n’est jamais coupée. Celle des petits garçons est entièrement rasée. Il faut le dire, tous les Kabyles sont d’une saleté révoltante, et n’observent jamais les lois de l’hygiène la plus élémentaire. « Il n’y a pas, dit M. le colonel Duhousset, un seul établissement de bains dans toute la Kabylie du Djurjura. Il en résulte des affections héréditaires que les générations se transmettent. » N° 1. Le vase de terre porté par cette femme est un de ceux que fabriquent les Beni-Raten; il se ter mine par une pointe ou sorte de cône servant à le ficher en terre, et ne saurait se tenir d’aplomb sans appui. Celui-ci sert au transport de l’eau. Dès l’âge de douze ans, les filles sont obligées, pour aller aux ravins oîi (1) Il s’en trouve cependant privé en ce moment par l’autorité française; mais cela cause une telle affliction qu’il lui sera probablement rendu.