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paix conclue avec les Sarrazins, en 1229, par l’empereur Frédéric. Quoiqu’ils paraissent n’avoir jamais su eux-mêmes qu’elle était préci sément la première forme de leur habillement, il est certain que ces religieux, en passant d’Orient en Europe, avaient sur leur manteau ou kappa de grandes raies voyantes ; on les appelait les Barrés. La chronique attribue cette singularité à la volonté des Sarrazins, qui ne purent souffrir que les Carmes eussent des manteaux blancs, ce qui n’était permis qu’à leurs chefs. Les monuments représentent, avec des intensités diverses, les bandes foncées de ce vêtement. Dans les an ciennes peintures des couvents de Louvain et de Cologne, les bandes étaient blanches et noires ; à Anvers, dans l’ancienne cathédrale de Salamanque, ainsi qu’à Paris, dans l’ancien cloître des Carmes de la place Maubert, elles se montraient blanches et tannées. Les quelques carmes amenés de Palestine par saint Louis avaient, sous leur chape barrée, une robe brune. En 1287, les carmes prirent la chape blanche et commencèrent à porter le scapulaire ; à la fin du treizième siècle, leur costume consistait en une robe noire avec capuce et scapulaire de même couleur, que recouvraient une ample chape et un camail blancs. Ceux qui vont pieds nus, les carmes <déchaussés ou déchaux, ne datent que du seizième siècle. N 08 3 et 6. Religieux mingrélien, en habit ordinaire dans la maison, et en habit d’hiver. L’ordre, toujours existant, auquel appartient ce religieux, a une origine aussi ancienne qu’obscure ; les Géorgiens passent pour s’être convertis à la foi chrétienne dès la fin du premier siècle, et l’institution monas tique remonte peut-être à cette date. Les moines mingréliens ne se distinguent pas des séculiers par leur vêtement, imitant en cela, comme le remarque Chardin, les ecclésiastiques hébreux. « Hors de leurs fonctions sacerdotales, dit ce voyageur, ils paraissent aussi mal vêtus que la plupart de leur nation. » Leur habit consiste en une che mise de grosse toile, renfermée dans un caleçon ou pantalon étroit ; ils ont une espèce de veste courte, ou, selon la saison, un feutre sem blable à la chlamyde des anciens, que l’on met en passant la tête de dans et que l’on tourne à volonté pour se garantir du vent ou de la pluie. Ce pluvial ne couvre que la moitié du corps et ne tombe que jusqu’aux genoux. La chaussure est une semelle de buffle sans ap prêt, attachée aux pieds avec une courroie de même peau, et lacée par dessus. Dans ces sortes de sandales, les pieds ne sont guère moins mouillés que s’ils étaient nus. 11 n’y avait, au temps de Chardin, que les moines et les ecclésiastiques qui fussent dans l’usage de laisser croître leurs cheveux et leur barbe ; cela servait à les distinguer des laïques. Une calotte et un bonnet par dessus, de couleur noirâtre na turelle, forment la coiffure. On dit que ces moines ignorants, qui font consister tout leur devoir dans le jeûne et la prière, sont peu consi dérés à l’exception de ceux qui exercent des fonctions sacerdotales. N° 4. Moine arménien de l'ordre de Saint-Antoine, dans la Morée. Cet ordre fut fondé au dix-septième siècle par un converti, nommé Mochtar, qui en fut le premier abbé. L’habillement de ces religieux consistait en une robe tombant sur les talons, serrée d’une ceinture de cuir large d’environ trois doigts; une autre robe par dessus, mais plus courte que la première, et ouverte par devant, avec un grand manteau, et enfin un capuce assez large, le tout de couleur noire. N° 5. Moine acémète ou studite; Syrie. Le moine Alexandre avait fondé cet ordre au commencement du cin quième siècle ; le premier monastère fut bâti sur les bords de l’Eu phrate. Après s’être étendue et avoir vécu pendant plusieurs siècles avec une splendeur d’un lustre inégal, cette institution disparut entiè rement. On donne le costume de ces acémètes ou studites comme ayant été composé d’une robe longue, à manches étroites ne passant pas les poignets. Le pardessus était une espèce de chape, ouverte par les côtés, qui retombait en s’arrondissant devant et derrière ; sur le devant de cette chape, vers la poitrine, il y avait une double croix rouge ; un petit capuce attaché à une mozette couvrait les épaules en retom bant sur la poitrine ; le tout était vert. Ces moines laissaient croître leurs cheveux et leur barbe, qu’ils avaient fort longue. N° 7. Chanoine séculier du Saint-Sépulcre, avant la perte des Lieux Saints. C’est là encore une institution qui a vécu. Ces chanoines qui préten daient faire remonter leur origine au temps des Apôtres, ne paraissent avoir été constitués régulièrement pour desservir l’église du Saint-Sé pulcre, à Jérusalem, qu’en 1099, par Godefroy de Bouillon. Répandus en Europe, ils furent supprimés par Innocent VIII, en 1484. L’habit qu’ils portèrent avant la perte des Lieux Saints est donné comme en tièrement blanc ; il se composait d’une tunique, d’un manteau et d’un capuce ; ces religieux portaient la barbe longue. Cette institution, qui s’était étendue en Occident, a varié dans ses formes, selon les pays où elle s’est trouvée. N os 9 et 14. Religieuses de la Géorgie et de la Mingrélie ; ordre des Bères ( soumis, comme celui des hommes, aux veux monastiques). (Voir n os 3 et 6.) Les religieuses géorgiennes et mingréliennes, de l’ordre des Bères, por tent un costume qui ne diffère pas des vêtements en usage parmi la population qui les environne : sa seule marque distinctive c’est qu’il est noir. A cela près, et comme toutes les Géorgiennes, la religieuse est vêtue à la persane ; son justaucorps court et sans manches est le courdy, l’habit d’été des hommes et des femmes en Perse. En automne, ce vêtement est doublé de fourrure ; en hiver, il est plus long et pourvu de manches ; il s’appelle alors cadeby. Les caleçons et le voile ont ce même caractère d’usage général. Enfin, lorsqu’elles sortent, ces reli gieuses masquent leur visage avec la percale épaisse du roubend, dont l’ouverture en treillis est ménagée à la hauteur des yeux ; c’est la seule pièce de leur costume qui soit de couleur blanche. L’origine de ces Bères est inconnue ; on ne sait pas le nom de leur fondateur ou fondatrice. Elles conservent dans leur vie monastique une certaine li berté ; leurs vœux ne sont pas irrévocables, et leur retour au monde dépend absolument de leur volonté. N 08 10 et 13. Anciennes religieuses d'Orient. Cet ordre aurait été institué au troizième ou quatrième siècle de l’Église, en Égypte par sainte Sinclétique. En réalité, on ne sait ni dans quel siècle, ni sous quel empereur il a vécu ; l’institution et l’existence même de l’institutrice sont révoquées en doute. Le père Hélyot a établi le costume qu’il donne à ces religieuses d’après la description qu’il en a trouvée dans le Traité de la virginité, attribué à Athanase. L’ha bit, n° 10, se compose d’une robe ou tunique, d’un manteau fermé de toutes parts, véritable dalmatique, d’un voile de tête qui recouvre un bandeau de laine blanche encadrant le visage à la manière d’une guimpe; la couleur de la chaussure est indécise; quant à celle de l’ensemble du vêtement, elle est d’un roussâtre tendre, celle de la rose séchée. La figure n° 13 est habillée dans le même genre, avec plus de simplicité ; le manteau est plus court et moins étoffé ; robe et dalmatique sont de même couleur qu’en l’autre exemple. Il n’y a pas ici de guimpe ; le voile est noir et fixé sur la tête par un bandeau de laine blanche.