Les deux grandes fenêtres de cette pièce se divisaient par des montants et des meneaux dont le bois était garni également de petits miroirs formant un jeu de mosaïques. Leur décor multicolore se compose de milliers de petites vitres, grandes chacune de quelques centimètres. En Orient, les vitraux ne sont pas peints; ils consistent en mosaïques de verres teints dans la pâte. Les fleurs et ornements de tous genres qu’ils représentent sont simplement formés de fragments de couleur unie, rassemblés entre eux au moyen d’armatures en plâtre taillées en biseau et tenant lieu de plombs; elles dessinent, par leurs contours nettement accusés, les détails les plus minutieux de la composition. La partie cintrée de cette baie est double ; chaque vantail s’ouvre verticale ment à l’aide de deux poignées de bronze en glissant de bas en haut dans l’angle extérieur des montants et se trouve logé entre les deux vitres supérieures à la façon de nos fenêtres à guillotine; on les arrête aux différents degrés de hauteur indiqués par les clavettes posées sur le côté des boiseries. Le mobilier de ce salon ne consiste qu’en divans garnis de cachemire brodé, en tapis superposés par place,, et en portières brodées d’appliques couvrant les portes de service. Dans leur appartement les femmes sont habillées du pantalon, d’une camisole de mousseline ou de soie tenant lieu de chemise et de la veste brodée. Leurs pantoufles, toutes petites qu’elles sont, ont une semelle très dure garnie au talon d’un fer à cheval ayant un demi-pouce d’épaisseur. Cette chaussure devient une arme véritable et même dangereuse entre les mains d’une femme prompte â la violence. Notre scène représente la servante allumant le kaléan (pipe décrite dans la planche Asie au signe de la Mèche) avec un tuyau de bois; lorsque le kaléan sera posé sur le trépied, la dame y ajustera le tuyau élastique et â bout d’ambre qu’elle garde toujours pour elle. Reproduction de U intérieur du pavillon persan élevé au Trocadéro, en 1878, par des artisans nationaux venus exprès, et indispensables pour ce genre de construction, délicate entre toutes, dont les traditions sont de vérita bles secrets de métier. Voir, pour le texte : Ghampollion-Figeac, Histoire de la Perse, 1860. — De Gobineau, Voyage en Perse (Tour du monde, 1860). — Viollet-le-Duc, Antiquités américaines (préface des Cités et ruines américaines,par M. Désiré Charnay, 1863). — Architecture ottomane, ouvrage publié par la commission impériale ottomane de l’exposition universelle de 1873, a Vienne.