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CA HOLLANDE COSTUMES CIVILS ET MILITAIRES. DISTINCTIONS CORPORATIVES EN FLANDRE ET DANS LES PROVINCES UNIES PREMIÈRE MOITIÉ DU XIII e SIÈCLE. N° 1. — Abraham Grapheus, messager {knape) de la corporation de Saint-Luc, à Anvers. — Portrait peint par Corneille de Vos, en 1620. Corneille de Vos, classé par les registres de la compa gnie d’Anvers parmi les étoffeurs, c’est-à-dire les gens rompus au métier qui décoraient de personna ges ou d’animaux les vues de toute espèce exécutées par leurs confrères, était pour la seconde fois doyen de la corporation de Saint-Luc, lorsqu’il représenta, de grandeur naturelle, l’humble serviteur de la confrérie, qualifié à la fois de messager et de peintre, dont l’i mage saisissante devait passer de la ghilde de Saint- Luc, à laquelle le maître en avait fait cadeau, au musée d’Anvers, où cette peinture demeure comme une œuvre qui, dans son genre, est digne de figurer partout au premier rang. Lorsque cette rude et toutefois sympathique phy sionomie de vieux rapin fut si heureusement retra cée, il y avait trente-six ans que ce messager, prati quant sans doute la peinture en ses loisirs, faisait les commissions de la corporation, en continuant à s’em prisonner le cou dans l’énorme fraise du temps de l’archiduc Albert. Tout est typique dans cette figure hétéroclite, depuis le nom de Grapheus, ypaçéoî, troqué, selon un usage fréquent du temps, contre celui trouvé sans doute trop vulgaire de Schryver, jusqu’à la montre d’orfèvrerie dont la poitrine est si amplement cou verte. Ces joyaux, ainsi que les coupes et hanaps posés sur la table ou aux mains du messager, sont autant de prix gagnés au concours par l’Académie de Saint-Luc, ou offerts en présents par des princes ou de riches amateurs. « Nos orfèvres, dit lé catalogue officiel de l’exposition nationale de Bruxelles en 1880, exécutaient pour les corporations des hanaps, des coupes, des vases, des plats, des flambeaux, ainsi que les masses et les colliers portés par leurs serviteurs dans les circonstances solennelles. — « Les coupes d’or et d’argent du knape de la gilde anversoise de Saint-Luc, dit encore ce même catalogue, étaient des prix obtenus dans des concours de chambres de Rhéto rique. » Ces coupes, de grandeurs diverses, et reliées entre elles, forment l’un de ces colliers de corporations qui, au nombre d’une cinquantaine environ, ont été si remarqués à l’exposition de Bruxelles, où ils bril laient d’un jour particulier et tout local. — A côté des plus brillantes et des plus délicates manifesta tions de l’orfèvrerie dont les colliers des corporations ont été l’objet, on ne remarquait pas avec moins d’intérêt des insignes simplement formés de plaques de plomb. — Tels étaient ceux de la ghilde de jon• gleeden de Melveren, dont le collier de plomb con féré aux héros des concours d’adresse dans le manie ment des armes, consacrait, tout autant que s’il eût été d’or, la royauté éphémère du roi de l'oiseau, du Papeguay du moyen âge, dont Charles V, âgé de douze ans et à Bruxelles même, avait été fier de porter le titre, brigué aussi par l’infante Isabelle sa fille, puis qu’on vit cette archiduchesse gagner également le