EL ITALIE INFLUENCE DES MODES FRANÇAISES EN VÉNÉTIE. PATRICIENS. — PERSONNAGES DE COMÉDIE. UN MARCHAND AMBULANT. La France, à l’époque où le sceptre de la mode était encore entre les mains, tantôt de l’Ita lie, tantôt de l’Espagne, arrivait insensiblement à dicter aussi ses goûts à la sérénissime répu blique vénitienne. Quelques chroniqueurs de la fin du seizième siècle nous apprennent qu’à Venise, dans le quartier dit de la Mer céria, se tenait un industriel qui étalait à sa devanture une poupée grande comme nature, habillée à la dernière mode de la cour de France ; c’était le moniteur officiel des chiffons, et les élégantes, de tous les points de la ville, venaient con sulter cette poupée qui changeait de costume le jour de la Sensa (Ascension). Au retour des fiançailles du doge avec l’Adriatique, on avait donc le spectacle intéressant de voir la foule se presser dans la Merceria pour se mettre au courant de ce que l’on portait de plus nouveau de l’autre côté des Alpes. Venise, cité distincte et indépendante de toute l’Italie, la seule ville qui soit restée libre pendant tant de siècles, celle où le contact continu avec les fantaisies orientales avait créé un costume qui n’était pas un de ses moindres attraits, Venise vit chez ses principaux fonc tionnaires le même engouement que les femmes seules avaient jusque-là montré pour tout ce qui était français. Mais rien dans la marche mesurée de ces faits connus ne vient expliquer à quel moment précis l’austère république a pu se métamorphoser avec aussi peu de transition dans ses costumes officiels, et cela, si complètement, qu’au dix-septième siècle la physionomie de ses corps constitués est exactement celle d’une assemblée provinciale sous Louis XIV. Ce mouvement s’accentua, soit par les impressions que les ambassadeurs de la République durent rapporter de la cour du grand roi, soit par les seigneuriales magnificences déployées dans les Entrées de M. l’ambassadeur de France, cérémonies qui ne pouvaient que donner du pres tige à la puissance dont l’ambassadeur était le solennel représentant.