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La logette donne un charme réel à cette partie de l’habitation ; ce cabinet de lumière est bien supérieur au retrait du moyen-âge, installé dans l’embrasure de la fenêtre, dans l’épais seur du mur. Faite de bois et de vitres à travers lesquelles passe une abondante clarté, cette logette à pans coupés a un caractère tout à fait typique, bien septentrional. En un pays si souvent brumeux, elle procure dans l’intérieur tout ce que l’on peut avoir de jour, et, par la disposition qui lui est donnée, permet de voir les choses du dehors sans s’exposer au con tact d’un air humide ou froid. Elle est entièrement dans les mœurs anglaises ; et partout on la retrouve, en encorbellement sur le devant de la maison, comme un moucharabieh trans parent, sous forme de balcon vitré, en tourelle ou lanternon d’angle. C’est, au surplus, le ca ractère des plus parfaits spécimens des maisons de l’époque, moitié charpentes, moitié en duit comme l’est le manoir de Specke, que cette réserve dans la construction de grands espaces vitrés. A l’extérieur, ces demeures pittoresques, avec leur bois apparent disposé en dessins réguliers peints en noir sur un mur blanc, ressemblent à une grande marqueterie, et c’est peut-être ce qui a valu à Specke le nom qu’il porte (speclcled, tacheté; to speclc, tacheter, marqueter,barioler); ce genre de décor, affirmé franchement, semble surtout avoir été propre aux châteaux du Chesshire, du Shropshire, du Lancashire et du Worcestersliire. A Specke, où les dessins de la charpente extérieure apparaissent plus nombreux, plus variés que toute autre part, les bâtiments sont couverts de hauts toits à pignons, lesquels sont terminés sur les façades par un large bandeau en bois sculpté conservant sa couleur naturelle. Le système est ancien de la maison en charpentes apparentes avec enduit dans les intervalles et avec pignon sur la façade. Ce qui fixe l’âge des constructions dans le genre de celle de Specke c’est le style des ouvertures vitrées en parfaite harmonie avec les décorations intérieures. Les meneaux droits des ouvertures, l’absence absolue de l’accolade du style Tudor, ne peuvent laisser aucun doute à l’égard de leur date relativement moderne. Quant au style Élisabeth, nous n’en dirons rien de plus, sinon qu’il fut en Angleterre le résultat do l’irruption tar dive des pratiques de la Renaissance. Il semble que, jusqu’au moment où Inigo Jones, que ses compatriotes appellent le Vitruve anglais, exerça son action (et elle était proche en 1598) l’architecture ait été surtout dirigée en Angleterre par des étrangers. Toutefois, comme il est certain que la maison anglaise de tous les styles a un caractère bien particulier, on doit reconnaître que cette originalité doit être attribuée, sinon aux constructeurs, au moins à la volonté de ceux qui faisaient construire. Un voyageur français du XVIII e siècle dit à ce propos : « Chaque Anglais qui bâtit veut être son architecte ; cette fantaisie fait partie de la liberté nationale. » (Document tiré de la magnifique publication de M. Joseph Nash : The Mansions of England in the olden time; Londres, Henry Sotheran et Oie, 1872.)