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CH FRANCE. — XVII e SIÈCLE LES PAYSANS. Jacques Stella, peintre français, contemporain de Nicolas Poussin et de même école, a tracé toute une suite de scènes villageoises qui nous a été transmise par les gravures de sa nièce 0. Stella, dont l’œuvre se classe parmi les gravures des maîtres. Les fragments des tableaux auxquels nous empruntons nos exemples montrent que l’évolution du costume était encore lente parmi les populations rurales; plus d’une pièce y porte toujours le cachet du moyen âge. Les Bucoliques de Stella confirment le dire d’Ammien Marcellin, qui, après avoir voyagé dans toutes les parties de l’empire romain, déclare n’avoir rencontré nulle autre part au même degré ce qu’il vit dans la Gaule : « Aux champs comme à la ville, le Gaulois et la Gauloise soi gneusement peignés et lavés, toujours propres dans leur mise ; le plus pauvre ne se faisant point une excuse de la misère pour se couvrir de haillons. » Le rural du dix-septième siècle fut cependant le plus avili de l’histoire de France ; il en demeure le plus effacé. On avait vu, au treizième siècle, les campagnes poursuivre avec autant d’énergie que les villes l’œuvre de l'affranchissement. Les paysans, libres et riches, ayant de leur valeur une très haute opinion, étaient alors des gens, « sachant parler et s’entretenir avec leurs seigneurs ; » aux jours de fête, ils étaient parés d’habits somptueux, « pareils à ceux dont on faisait usage dans les palais, » dit Quicherat. Depuis ce temps, ils avaient eu à traverser les guerres, les invasions, les inventions de la fiscalité, les entraves du régime administratif; pendant les quatorzième et quinzième siècles, ils se maintinrent cependant à un certain niveau ; au seizième siècle ils se trouvaient remis à la chaîne, et devenaient décidément l’objet du mépris des autres classes, lorsqu’on les vit, avec les gens de métier, ravalés au-dessous même des laquais, auxquels l’édit somptuaire de 1549 per mettait l’emploi d’agréments de soie ou de velours dans leurs costumes qui devaient être de drap, tandis qu’aux gens de la terre et à ceux des métiers, cette ordonnance interdisait abso lument la soie, même accessoire ; ce qui fut exécuté très rigoureusement. La Chanson du Laboureur, qui se chante encore en Forez et en Velay, consacre vraisem blablement ce souvenir : Le pauvre laboureur est tout décourtisan. S’est habillé en toile comme un moulin à vent.