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Le visage et le nez sont parfois teints d’une couleur consacrée pour chaque divinité. En considérant sous sa parure divine une reine comme la Cléopâtre n° 2, on peut inférer que la teinture de la peau entrait dans les toi lettes des chefs qui, dans les cérémonies, portaient les insignes d’un dieu particulier, local. L’Égyptienne, teinte en jaune, aurait ainsi usé du safran dont les Malaises de Java, Batavia, etc., se couvrent toujours le visage, le buste tout entier, et toutes les parties du corps qui sont en vue. L’usage du henné se serait étendu à tout le corps au lieu de s’arrêter aux pieds et aux mains, comme chez les Persanes, les Indiennes et les Mauresques, ainsi qu’on en peut juger par les deux Pharaons, n os 1 et 3, qui sont des Grecs. La teinture d’indigo et le vert, qui sont également des couleurs de divinités indiennes, auraient été appliqués de même sur la peau humaine. Pharaon, fils du soleil, incarnation de Dieu sur la terre, rouge ici (n 0s 1 et 3), comme le disque du soleil, n’est point toujours représenté en Horus, ou soleil levant. Et lorsqu’on voit que chaque nome ou province de l’É gypte était spécialement consacré à l’une de ces triades divines, triades diversifiées sans être isolées qui formaient toute une série hiérarchique, dont chacune avait un temple qui lui était particulièrement affecté, on peut croire que, dans les tournées faites du nord au midi, et de l’orient à l’ouest par le souverain du royaume d’Égypte, il pouvait être de bonne politique d’empreindre sa peau même de la couleur des divinités locales. Cette teinture, indiquée par le rite religieux, serait une conséquence de la parure divine sous laquelle les souverains affectaient de se montrer dans les cérémonies publiques. Ammon-Ra régnait partout. Cnouphis et Saté trônaient à Eléphantine, à Syène et à Beghi, étendant leur juridiction sur la Nubie entière avec l’aide de Thoth, leur surintendant, dont les fiefs principaux étaient Ghebel-Adheh et Dakkek. Chaque ville avait son patron. Osiris était seigneur de Dandour ; Isis, reine à Philæ ; Hathor était le dieu d’Ibsamboul ; Malouli, le dieu de Kalabschi. Toum régnait sur Héliopolis ; Ammon possédait Tlièbes, et Phtah était venu dans les temps historiques s’établir à Memphis. Les triades s’en chaînaient les unes aux autres par des alliances collatérales; les dieux se donnaient une hospitalité réciproque dans leurs sanctuaires particuliers ; enfin, il y avait de grands temples consacrés à deux triades. N° 1. — Ptolémée Philadelplie. (Temple d’Athor Évergète II, île de Pliilæ.) Ce pharaon est coiffé d’un casque d’airain ou haute mitre portant l’urœus royal, et ayant par derrière, le long cordon descendant jusqu’aux pieds qui pend habituellement à la couronne d’Ammon-Ra —, le dieu su prême. Le vêtement est le pagne bridé sur les hanches, le schenti. La parure consiste en un large collier, des bracelets aux arrière-bras, et une sorte de tablier, qui paraît être de cuir, et s’avance de façon à former de profil un angle aigu par le bas. Cet appendice, lié à la taille par des cordelettes dont les bouts retombent sur le tablier même, devait être soutenu, soit par une cage de joncs, analogue aux paniers du dix-huitième siècle, soit par des bandes de métal, comme on en usait avec les crinolines. Le collier est l’insigne de la virilité au cou d’Ammon générateur. Ce tablier, qui appartient exclusivement au rang des rois, a peut-être une signification en rapport avec le sens du collier. Rien ne prouve plus éloquemment la ténacité imperturbable des choses de la vieille Égypte que les portraits de ce pharaon étranger, dont la dynastie ne commence que 305 ans avant l’ère chrétienne, et qui, bien loin de rien modifier aux institutions nationales, se montre revêtu des insignes royaux traditionnels dans le pays, y exerçant son autorité sous l’égide des vieilles lois, des vieilles coutumes, sous la protection des mêmes dieux. Les Ptolémées, successeurs immédiats d’Alexandre au trône de l’É gypte, qui forment la XXXII 0 dynastie souveraine, étaient des Grecs, originaires de la Macédoine. N° 2. — Cléopâtre en parure divine. (Même provenance.) Cette Cléopâtre est l’une des six qui ont été reines dans la famille royale des Lagides, depuis l’épouse de Ptolémée V jusqu’à Cléopâtre VI, 1a dernière et la plus célèbre, l’amie de César et d’Antoine, co-régente avec ses deux frères, Ptolémée XIV et XV, puis avec son fils Ptolé mée XVI, Cesarion. Coiffure en cheveux nattés, peut-être une perruque, ceinte par un ruban portant l’urœus, qui n’est pas seulement l’insigne de la royauté, mais qui est encore l’ornement habituel de la coiffure divine. Dans le langage des hiéroglyphes, l’urœus sert à écrire le mot déesse. Les deux plumes, longues et droites, de la famille de celles que Ton voit sur la tête d’Ammon-Ra, sont l’insigne caractéristique de la plus haute souveraineté. Le globe solaire, et les cornes de bélier rappelant l’ardeur génératrice, complètent cette parure de la tête dont les éléments hiéroglyphiques sont autant de symboles, et forment une des coiffures dites sacrées, divines. Le vêtement est une jupe fixée à la taille par une ceinture, soutenue elle-même par une paire de bretelles passant sur le buste nu. Cette jupe est si étroitement serrée depuis la taille jusqu’au bas des cuisses qu’il semble qu’elle ait plutôt pour but de faire valoir les formes du corps que de les cacher. L’évolution de l’étoffe, indi quée par le sens des rayures, révèle ici un stratagème produisant l’effet de ces cordons que les dames modernes emploient pour ramener la partie supérieure de leur jupe, serrée seulement à la hauteur du cordon, ce qui se concilie avec Pemploi des postiches, dont, en vo} r ant ce stratagème, on peut soupçonner que les dames égyptiennes avaient connaissance. (Voir l’ajustement de même sorte, n° 6.) Un large collier, des bracelets aux arrière-bras et aux poignets, des anneaux aux chevilles, complètent la parure. Le Tau sacré, la croix ansée, est le signe de la vie divine. N° 3. — Ptolémée Philadelphe. (Grand temple d’Isis, île de Philæ.) Sa coiffure est le psclient complet : elle se compose du casque de guerre et