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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS. 495 Quand les confrères de la maîtrise mirent en avant l’étrange pré tention de soumettre aux statuts de leur communauté les musiciens et les chanteurs de la chapelle et de la chambre du roi, l’Opéra était fondé en France depuis-près de trente ans, par lettres patentes du 28 juin 1669, qui donnaient à l’abbé Perrin le privilège « d’é tablir, en la ville de Paris et autres du royaume, des académies de musique, pour chanter en public, pendant douze années, des pièces de théâtre, comme il se pratique en Italie, en Allemagne et en Angleterre. » Les premiers essais de l’Opéra français furent anté rieurs de dix années à ces lettres patentes, car la comédie en mu sique de Cambert, représentée à Issy en 1659, était un véritable opéra; mais cette comédie ou pastorale n’avait pus été accompagnée de tout l’appareil de décors, de mise en scène et de machines, qui semblaient indispensables à ce genre de spectacle. Il fallait donc voir un progrès dans la mémorable représentation de la Toison d’or, tragédie de Pierre Corneille, jouée par la troupe du Marais, au châ teau de Neubourg en Normandie, en janvier 1661, chez le marquis de Sourdeac, qui fit les frais énormes de cette représentation extra ordinaire, et qui avait inventé les merveilleuses machines théâtrales qu’on y*admira pour la première fois. La musique n’était pas l’ac cessoire le moins important de la tragédie de Corneille, mais elle n’intervenait que dans les scènes où figuraient des personnages allé goriques. Cette tragédie avait été ensuite transportée à Paris sur le théâtre du Marais, avec la musique, les chants et les machines qui en avaient fait le succès au château de Neubourg. Le marquis de Sourdeac, qui avait à la fois la passion de l’art mécanique et celle de l’art musical, continua depuis à donner, dans son hôtel de la rue Garancière à Paris, des représentations gratuites de plusieurs opéras composés par Perrin et mis en musique par Cambert et la Grille. Le marquis de Sourdeac se trouvait ainsi naturellement l’associé et le bailleur de fonds de l’abbé Perrin, pour l’exploitation du privilège de l’Académie de musique. Cependant ce théâtre ne s’ouvrit que le 19 mars 1671, dans l’ancien jeu de paume de la rue Mazarine, vis-à-vis de la rue Guénégaud ; on représenta