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LA PEINTURE ET LES PEINTRES. 349 les critiques qu’on a faites de ses plus beaux ouvrages, que « personne n’a été plus loin pour bien marquer le vray caractère des person nages et surtout pour la beauté, la noblesse et la naïveté de ses ex pressions, qui est sans contredit la plus belle et la plus touchante partie de la peinture. » Poussin, en revenant à Rome pour y mourir, avait retrouvé son ami Claude Lorrain, qui lui survécut quinze ans (1600-82). Ce grand peintre, né dans le diocèse de Toul, ne se souvenait plus même qu’il était Français : il avait passé sa jeunesse hors de France, à Fri bourg, à Naples et même à Rome, gravant sur bois, peignant le paysage et l’architecture, et travaillant partout en qualité d’élève ou plutôt d’apprenti. Ce fut chez Agostino Tassi, élève de Paul Bril, qu’il acquit des connaissances sérieuses en dessin et en peinture. Deux paysages qu’il fit en 1627, pour le cardinal Bentivoglio, lui donnèrent des protecteurs et des admirateurs. Ses tableaux, ses des sins, ses moindres ébauches étaient si recherchés, qu’on les copiait effrontément pour vendre ces pastiches plus ou moins habiles, sous son nom et même avec sa signature. Il vivait et travaillait solitai rement, passant des heures entières à contempler la nature et à la peindre, pour ainsi dire, dans sa mémoire qui retenait fidèlement tous les effets de la lumière et de l’ombre : « Son esprit réfléchis sant sur les principes et sur le paysage qu’il voyoit assez souvent, dit Florent Lecomte dans le Cabinet des singularitez d'architecture, peinture, sculpture et gravure, il commença de se donner une ma nière, et la petite rétribution qu’il en tiroit lui enfla tellement le courage, qu’il a poussé jusqu’à faire des tableaux dans ce caractère, d’une beauté qui demande l’admiration. » Les figures qu’il a mises dans ses tableaux étaient faites par Jacques Courtois, Jean Miel et d’autres peintres auxquels il confiait le soin de les exécuter d’après ses idées et son sentiment. Il fit un nombre considérable de ta bleaux, qui restèrent la plupart en Italie où les marchands venaient les acheter, pour les revendre par toute l’Europe. Il était si peu connu des amateurs français, qu’André Félibien, dans ses Entretiens sur les vies et les ouvrages des plus excellents peintres, ne lui accorde