— 30 — L’hélice des grands vaisseaux s’agite en profondeur et fait, pour obtenir 10 kilomètres à l’heure, infiniment moins de tours que l’hélice d’une chaloupe qui, pour atteindre la même vitesse, se lance à toute vapeur , tandis que son hélice s’agite constamment à la surface et contribue à augmenter le remous. Conséquemment, la vitesse de 10 kilomètres à l’heure n’of fre aucun danger pour la navigation, aucun danger pour les berges. Ceux qui n’ont pas vu le canal se demandent comment des talus formés par des sables ou de la vase peuvent résister, placés qu’ils sont au milieu des lacs et baignés de tous les cô tés par la vague, qui les attaque à la fois extérieurement et intérieurement. Ici encore il ne faut pas laisser s’égarer l’opinion. Si l’éta blissement du canal dans un sol placé à un ou deux mètres au-dessous du niveau de la mer offre des charges d’entretien, il ne s’en suit pas que cela constitue un danger pour l’exploi tation du canal, ni pour son avenir commercial. A son débouché dans la Méditerranée, le canal traverse sur 00 kilomètres les lacs Ballali et Menzalch. Ces lacs, formés par les transports du Nil, sont immenses et s’étendent depuis la province de Carbich, ayant pour limite, à l’ouest le Nil compris entre Farescour, Damiette et l’embouchure de ce nom ; au sud Kantara et la plaine de Péluse jusqu’à la Médi terranée. Leur surface n’est pas moindre de 200,000 hecta res, et la profondeur varie de 0 m ,50 à 2 mètres au-dessous du niveau de la mer. Aux abords du canal, ces lacs ne sont que d’immenses fla ques d’eau, sans profondeur, qui ne sont séparées de la mer que par une mince barre de sable, coupée sur quelques points, et en communication directe avec la Méditerranée.