U dées au détriment de Péluse, de Tauri et de Tunis. L’ère prospère de l’isthme dans l’antiquité avait pris fin. Le lecteur nous permettra de l’entretenir quelques instants de l’origine et du progrès du transit entre l’Occident et l’O rient par le Cap. Au moment où le canal de Nécos et celui d’Adrien auraient dû faire concurrence à la route de Myos-Ormos au Nil pour le transport des produits entre l’Orient et l’Occident, une ville naissait en Italie, dont la puissance maritime et commerciale devait être un moment sans rivale dans le monde entier. Nous voulons parler de Venise. Venise, avec son instinct commercial si remarquable, com prit bien vite la nécessité de se créer des débouchés vers l’O rient. Elle exploita — le mot est juste — les croisades qui s’organisaient alors pour s’assurer le monopole d’une route vers l’Inde. Elle secourait les croisés, mais à la condition que ceux-ci, en retour, la dédommageraient en lui assurant, grâce à leurs conquêtes, le libre accès de l’Asie centrale. Néanmoins Venise ne fut pas longue à comprendre que la meilleure route et la plus avantageuse pour son transit avec l’Inde était encore l’Égypte. Dès la troisième croisade, Venise se rapproche des sultans et étudie le passage par l’Égypte. Mais c’est à ce moment que plusieurs grandes puissances, jalouses de la prépondérance de Venise, songent à lui enle ver le sceptre de la royauté maritime. Chose remarquable, ces puissances ont toutes des ports sur l'Océan. C’est à l’Occident maintenant que se porte l’activité maritime: la France, l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, la Hollande, vont tenir tête à Venise, et finalement l’écraser. C’est le Portugal qui a l’honneur de porter les premiers coups. Dès le commencement du quinzième siècle, les Portu gais avaient repris l’idée de Nécos touchant l’utilité de con-