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— 135 — velles tranchées, qui, après avoir été remplies elles-mêmes, étaient comblées à leur tour, comme des greniers d’abon dance, réservés pour les générations futures. Sans cesse au milieu des craintes et des alarmes, les Fidèles n’avaient pas de retraite plus sûre que celle des catacombes. Ils avaient là leurs églises et leurs dortoirs; ils priaient et vivaient dans ces souterrains, qui les ca chaient si bien aux yeux de leurs persécuteurs. Tout leur cœur était là, durant les tempêtes qui menaçaient de sub merger la barque de Pierre ; aussi les païens les appe laient-ils race taupinière. Parmi les emblèmes mystiques, qui se retrouvent, à chaque pas, dans les catacombes, on peut mettre, en première ligne : le monogramme du Christ; la colombe, portant dans son bec le rameau d’oli vier; le poisson, etc. Ce n’est que plus tard que les chré tiens osèrent graver la Croix sur leurs tombeaux et leurs monuments sacrés; car ce signe auguste était encore un objet d’ignominie pour les nations et ils craignaient de l’exposer au mépris des païens. On ne peut descendre dans les catacombes, sans se sen tir profondément ému, quand on a tant soit peu de foi au cœur. En effet, lorsqu’on pénètre, un flambeau à la main, dans ces galeries noirâtres, qui, s’entre-croisant à chaque pas, comme les mailles d’un vaste filet, ressemblent au dédale de la mort, on sent, malgré soi, le froid du tom beau ; on éprouve une de ces frayeurs respectueuses, qui ne se ressentent que dans l’ombre mystérieuse d’un lieu trois fois saint; on comprend qu’on foule une terre qu’ont foulée des milliers de martyrs et que les vains bruits de celle qu’habitent les vivants ne peuvent plus descendre jusqu’à vous; qu’on est dans la région des sépulcres, c’est vrai, mais des sépulcres glorieux, et que toutes ces tombes béantes, dont les ossements ont été enlevés, renferment encore un peu de cette poussière immortelle qui apparte nait aux corps des saints et qui ressuscitera brillante et presque divinisée au grand jour du jugement dernier'. Plus on marche au milieu de ces tombeaux, plus le cœur, resserré d’abord, se dilate et se réchauffe. La foi fait naître