80 LA TERRE DE SERVITUDE. rents; le son le plus grave et le plus prolongé venait de l’inté rieur même du village; l’autre, plus aigu et plus bref, partait de la porte du sud. Celui-là, c’était le signal donné par Motlo. Mais l’autre, quel était-il? On n’avait pas de temps à perdre en conjectures. Amir s’était avancé avec une impétuosité irrésistible vers la porte du sud. Le gigantesque Simba, d’un seul coup de hache, l’avait fendue de haut en bas; d’une vigoureuse poussée, il l’avait enfoncée. Il l’avait franchie en même temps que son maître et Sélim, qui chargeait et déchargeait son fusil avec une rapidité extraordinaire. Les compagnons d’Amir, encouragés par la valeur de leur maître et par la force prodigieuse de Simba, devinrent braves comme des lions, et rivalisèrent de bruit et de fanfaronnades. Ne pouvant franchir assez rapidement la porte, qui était encom brée par les assiégeants eux-mêmes, ils grimpèrent par-dessus les palissades, comme des singes; Nianidans cette circonstance fit assez de prouesses pour mériter son sobriquet. Abdallah', Moussoud et Isa étaient là avec leurs parents ; ils se glissèrent par la porte, bien après Sélim, embarrassés dans la presse des assaillants. Simba avait enfoncé la porte si rapidement, que tous les fugitifs n’avaient pas pu franchir à temps la seconde enceinte qui entourait le quartier du roi ; ils étaient là une cinquan taine, commandés par le fds aîné du roi, le dos à la palissade, faisant tête bravement au danger, et menaçant les ennemis de leurs lourdes lances. Quant à Simba, il était transfiguré ; ce n’était plus un esclave, ce n’était plus l’humble serviteur d’Amir et de Sélim ; il les entraînait d’un élan irrésistible. Le sang sauvage des Oua- roundis parlait en lui; il poussait de véritables rugissements; et à chaque rugissement la crosse de son fusil, transformée en