78 LA TERRE DE SERVITUDE. dire, pour rendre hommage à la vérité, il éprouvait une sorte d’abattement et de crainte vague, tout en montrant un visage assuré et une contenance ferme. Tous les autres chefs arabes étaient dans les mêmes dispo sitions d’esprit. Amir était brave comme un lion, mais il ne pouvait pas compter sur ses gens comme sur lui-même. S’il y avait eu seulement cent Arabes en ligne, l’issue de la bataille n’eût pas été douteuse. Mais il y avait douze Arabes en tout et six cents nègres. Combien de temps ces nègres résisteraient-ils sans se débander? Au lever du soleil, il y eut un second conseil, où les chefs arabes amenèrent leurs fils. Après une longue discussion, il fut convenu que onze Arabes sur douze iraient attaquer le village. Un Arabe resterait avec cent nègres pour fortifier le camp et assurer une retraite aux combattants, en cas d’insuccès. Les cinq cents assaillants se diviseraient en deux bandes et attaqueraient deux portes à la fois. Ceux qui auraient réussi les premiers préviendraient les autres en sonnant de la corne. En restant dans le campement, on aurait pu tenir contre des forces quatre fois supérieures à celles dont Olimali pouvait disposer. Ce plan eût été le plus sûr, mais il était impraticable, parce que les vivres man quaient. « Les plus anciens ont parlé, dit Khamis, et ils ont bien parlé. Mais moi, je suis déjà venu dans l’Ourori et je connais les habitudes des Ouaroris. Si nous réussissons à prendre le village de Kouikourou, nous ne pourrons pénétrer plus avant dans le pays. Aussitôt que nous serons vainqueurs, il nous faudra prendre la route de l’Ounyanyembé. Je neveux pas vous rappeler que je vous ai avertis de ne pas prendre la route de l’Ourori. Comme il serait inutile maintenant de vous adresser des récriminations, je ferai de mon mieux pour assurer le