LA TERRE DE SERVITUDE. 71 fête, tant le bétail est rare en Afrique. Leurs yeux aussi se repo saient avec plaisir sur des champs bien cultivés qui s’éten daient à perte de vue et où croissaient le maïs, le manioc, le sorgho, la canne à sucre et le bananier, avec une quantité de légumes et de melons. On commença par construire avec un redoublement de soin une haie épaisse de broussailles et de branchages autour du campement. Ensuite, assez tard dans l’après-midi, les chefs arabes se réunirent pour délibérer sur la meilleure manière d’entamer des relations amicales avec les redoutables habi tants de Kouikourou. Quand ils furent tous réunis, Khamis, le chef de la caravane, leur parla ainsi : « Mes amis, nous voici enfin dans l’Ourori. Je crois que nous aurons à tenir ici une conduite différente de celle que nous avons tenue jusqu’ici. Leroi, j’en ai peur, exigera un tribut; je vous ai appelés pour vous recommander la prudence, et vous demander d’être très-circonspects dans vos relations avec les gens du pays. Nous aurons à payer un tribut considérable, car ce roi est riche et puissant; si nous ne lui faisons qu’un mince : présent d’étolîes, il le refusera. — Khamis, dit Sultan ben Ali, tu as bien fait de nous parler de cela d’avance. Combien crois-tu qu’il faudra d’étoffe pour contenter cet homme? Nous pouvons être généreux, car nous avons le moyen de l’être, mais pas en dons d’étoffe, car nous n’en avons pas un (loti 1 de trop. — Je ne sais pas ce qu’il exigera, mais commençons avec prudence, ce sera le plus sage. Je suppose que l’on peut se contenter de six dotis; deux dotis d’étoffe de Jolio pour le roi ; deux dotis de cotonnade rayée pour sa femme; un doti de co-