63 LA TERRE DE SERVITUDE. arabes, plus blanches que les autres. Sélim fut d’abord assez décontenancé de l’attention dont il était l’objet, et des remar ques que l’on faisait sur son passage. Les villageois et les ber gers échangeaient assez volontiers ce que les Arabes pouvaient désirer contre de la verroterie et des objets de fabrication amé ricaine. On trouvait du lait, du beurre et des œufs en abon dance ; c’était une véritable fête pour les jeunes Arabes, après la chaleur, la sécheresse et l’aspect désolé de l’Ouhéhé occi dental. On n’avait pas encore vu d’armes aussi formidables que celles que portaient ces sauvages. Leurs arcs étaient plus grands et plus lourds, et leurs flèches plus longues et plus cruellement barbelées; outre une énorme lance à large fer, qui avait l’air d’un glaive romain emmanché au bout d’un bâton, ils portaient une demi-douzaine de javelines ou zagaies, une hache de com bat, et un couteau aussi large et aussi long qu’un sabre. Le sixième jour après leur entrée dans l’Ourori, les carava nes arrivèrent en vue d’un gros village palissadé appelé Koui- kourou ; ce qui veut dire : la capitale. Il était composé d’en viron huit cents huttes protégées par une haute barrière, faite d’un bois rouge très-dur. L’un des côtés du village était dé fendu par un cours d’eau assez considérable. De l’autre côté se trouvait un bois de beaux arbres, situé à une distance d’un peu plus de mille mètres. C’est là que les Arabes campèrent. Le nom de Kouikourou, ou capitale, convenait bien à ce vil lage ou plutôt à cette ville, en raison de sa dimension et de son importance. A part Simbamouéni, c’était la ville la plus peu plée que les voyageurs eussent encore trouvée en Afrique. Des bestiaux paissaient par milliers à quelque distance du bois, surveillés par des pasteurs vigilants et bien armés. C’était pour les voyageurs une véritable jouissance d’entendre meugler les vaches, bêler les moutons et les chèvres, et braire les grands ânes du pays : depuis longtemps, ils n’avaient été à pareille