LA TERRE DE SERVITUDE. 67 dort jamais et ne se repose jamais. La nuit il pourrait scnlir un de vous à je ne sais quelle distance. — Eyah, Eyali, Ey-ah ! C’est le diable en personne. » Là- dessus ils décampèrent, marmottant je ne sais quoi entre leurs dents, d’un air tout déconfit. Les marches suivantes présentèrent peu d’intérêt. La partie ouest del’Ôuhéhé est triste et monotone. A perte de vue la plaine s’étendait, couverte d’une herbe courte, desséchée, mou chetée çà et là de misérables buissons d’épines ; ou bien, à de rares intervalles, les yeux ennuyés des voyageurs rencontraient un baobab isolé. Les Ouahéhés, les Ouagogos du sud, mêlés à quelques familles errantes de Ouakimbous, laissèrent passer sans l’attaquer une aussi formidable caravane ; aussi la marche devenait affreusement monotone. Mais, lorsque, au sortir d’une immense plaine encore plus aride que les autres, on aperçut une longue ligne de mornes rocheux et blanchâtres, les gens de la caravane commencèrent à se dire tout bas les uns aux autres : « Derrière ces mornes sont les terres de la race nom breuse des Ouaroris ; ce sont en général des pasteurs : et s’ils sont en humeur de nous chercher querelle, ils ne regarderont ni au nombre ni à la force de leurs ennemis. » Dix jours s’étaient écoulés depuis qu’on avait quitté Simba- mouéni, lorsqu’on franchit les mornes, et que l’on pénétra dans le pays des Ouaroris, composé d’une succession de vallons boisés, de plateaux nus, et de plaines couvertes de fourrés. Ceux qui connaissaient Motto furent frappés de sa ressem blance avec les bergers et les villageois qui se groupaient le ong de la route pour admirer la richesse des caravanes arabes et faire leurs naïfs commentaires sur ce qui était nouveau pour eux. Les Ouaroris cependant ne semblaient pas disposés à dis puter le passage; ils s’amusaient beaucoup de quelques figures