04 LA TERRE DE SERVITUDE. — Allons, enfants, dit Amir en les interrompant, au lit, et achevons notre nuit. Qu’on soit sur ses gardes, et à la moindre apparence de danger, qu’on sonne l’alarme, immédiate ment. » La nuit se termina sans nouvelle alerte, et à l’heure habi tuelle, les cornes sonnèrent le réveil. Au moment où les caravanes allaient quitter le campement, un groupe de Ouahéhés fut aperçu rôdant avec une indiffé rence affectée. Ils étaient armés exactement comme celui dont Simba avait fait si prompte justice. Quand ils furent près de la porte centrale du camp, leurs yeux perçants découvrirent le cadavre de leur camarade ; ils coururent à l’endroit où il gisait et se mirent à le considérer avec tous les signes du plus vif étonnement. Il demandèrent pourquoi et comment il avait été traité ainsi. « Ah ! mes frères, dit Motto, qui avait observé de près toutes leurs démarches, il y a des hommes qui sont mauvais, bien mauvais, et fous par-dessus le marché. Qui a pu pousser cet homme qui est là, à vouloir voler une caravane de six cents hommes armés? je n’en sais rien, à moins que ce ne soit le mauvais esprit. Voyez-vous ce géant, là-bas, avec cette grande hache à la ceinture, et cette longue corne d’ivoire suspendue à son épaule? Ce géant a surpris ce voleur dans la tente d’Amir ben Osman ; il l’a pris, par les pieds et il lui a brisé la tète sur une pierre. — Eyah ! eyali ! dirent les Ouahéhés avec étonnement. Evi demment c’est le mauvais esprit en personne ; mais tous les voleurs doivent périr ; et si, comme vous le dites, cet homme a été surpris la nuit, dans le camp, il n’a que ce qu’il mérite. — Est-ce vraiment votre avis, mes frères? dit Motto ; alors, tant mieux. Mais écoutez un peu ceci. Si le vent entrait dans notre camp pour voler, ce géant le saurait. On dirait qu’il ne