52 LA TERRE DE SERVITUDE. nouvelles s’offraient en foule à son esprit ; comme il était péné tré d’une foi vive, ainsi que son père, ses yeux s’ouvraient à une lumière nouvelle ; partout autour de lui, il voyait la main d’un Dieu tout-puissant et d’une bonté infinie. Son esprit, tout rempli et comme possédé de ces idées nou velles, se reporta de lui-même, sans qu’il sût ni pourquoi ni ^comment, à une question qui jusqu’alors ne l’avait guère préoccupé. « Mon père, dit-il à Amir, il y a une chose qu’il faut que je te demande. Tu sais que Motto et Simba sont tes esclaves. Est- ce bien, de posséder des esclaves ? — Le Coran sanctionne l’esclavage, et nous voyons que de toute antiquité notre race a eu des esclaves. Qui t’a mis cette idée en tète? Je vois, en tout cas, que ton esprit se déve loppe. — Je ne sais si c’est cela, répondit Sélim. Mais voici ce que je veux te demander. Simba et Motto sont bons ; ils ont tous les deux pour toi la plus profonde affection. Or je sais que tu es juste, et que tu aimes la justice pour elle-même. Ehbien ! crois-tu avoir le droit de retenir Motto et Simba en esclavage, s’ils trouvent que c’est une injustice? — Ah! puisque cette question te préoccupe, mon enfant, ce que j’ai de mieux à faire, c’est d’y répondre. Non, il n’est pas juste de garder un esclave, s’il pense que l’esclavage est une injustice, ou s’il trouve que c’est un fardeau trop lourd pour lui. Mais il n’est pas juste non plus, quand j’ai acheté un esclave de mon argent, que cet esclave, pour obtenir la liberté, s’imagine qu’il suffit de la demander ; la stricte justice serait détaxer sa liberté à une.certaine somme d’argent ou à une quantité de travail qui me remette en possession de l’argent que j’ai dépensé pour l’acheter : l’argent payé, ou le travail accompli, il doit être rendu à la liberté. C’est ce que dit le