LÀ TERRE DE SERVITUDE. Ü1 de la rivière Ouami. Pendant la saison des pluies ce bassin ne forme plus qu’un immense marais. Pour le moment, le bassin était à sec et les voyageurs ne mirent que deux jours à le traverser. Le soir du second jour, ils arrivèrent à Mbumi, dans l’Ousagara. Le troisième jour après leur départ de Simbamouéni, ils entrèrent dans une région dont l’aspect différait absolument de tout ce qu’ils avaient vu jusque-là. Les montagnes étaient plus élevées, et l’œil ne rencontrait de toutes parts qu’un enchevê trement de pics, de croupes et de chaînes. A perte de vue, des arbres verts grimpaient le long des croupes et couronnaient les hauteurs, avec une profusion folle. Sycomores, tamarins, mimosas élégants et kolquals luttaient de foree et de beauté ; tandis que des milliers d’autres arbres, de buissons, de plantes et de fleurs formaient un épais tapis de verdure. Au pied des roches escarpées de granit et de grès, mélan gées çà et là de basalte, de porphyre, de silex et de quartz, écumaient des torrents, qui envoyaient des étincelles de lu mière ; quelle bonne fortune au milieu d’un voyage en Afrique, et quels charmants souvenirs on emporte de ces eaux fraîches et limpides! Plus tard, quand le pays devient d’une fatigante monotonie, avec quel plaisir on se rappelle cette cascade qui s’élançait en bouillonnant d’une profonde fissure du rocher perpendiculaire comme un mur, ou cette roche arrondie qui surplombait comme une tour, et dont les flancs étaient escala dés par les fougères, les plantes, et que la mousse envelop pait d’un manteau de velours ! ou bien encore cette colline conique, qui cachait littéralement sa tète dans les nuages! Les jeunes amis de Sélim témoignaient leur admiration par des cris et des exclamations. Sélim, à la vue de ces merveilles, demeurait tout pensif. Il n’aurait jamais cru, jusque-là, que le monde fût si grand et si beau ; il se sentait ému ; des pensées