LA TERRE DE SERVITUDE. 47 si ses camarades n’avaient pris le parti de Niani, et si Motto et Simba ne s’étaient interposés. Niani en fut quitte pour quelques horions, et chacun rega gna sa tente. Lorsque Sélirn entra dans la tente de son père, il le trouva occupé à écrire à la lueur d’une chandelle. Amir avait l’air sombre et préoccupé ; il sourit cependant à la vue de son fils ; mais son sourire avait quelque chose de contraint. Il mit ses papiers de côté. « J’étais, dit-il, en train d’écrire à mes amis de Zanzibar. Je leur indique la nouvelle route que nos compagnons s’obstinent à suivre, et je leur donne mes instruc tions au sujet de mes biens. Si par hasard il m’arrivait quelque chose, il est de mon devoir de t’avertir que tu as un oncle dont je prie Allah de te garder. Il a beau être mon frère, je dois reconnaître que c’est un homme rusé et artificieux. Si je mou rais, il chercherait à te nuire ; c’est contre lui que je veux te mettre en garde. — Mais, mon père, pourquoi voudrait-il me nuire? je ne lui ai jamais fait de tort en pensée, en paroles ou en action. — Tu n’es qu’un enfant, et tu ne sais pas encore combien il y a de méchanceté dans le monde. Ton oncle est un avare, il f enlèverait ton héritage s’il le pouvait ; je le sais assez méchant pour essayer de te nuire secrètement. Je possède pour cin quante mille dollars de terres et d’esclaves; à ma mort, tout ce bien est à toi, sans réserve. Seulement si ta mère et toi vous mouriez, il reviendrait à Rashid, et Rashid est un homme sans principes et sans scrupules. J’ai encore autre chose à te dire, f.onnais-tu Leilah? — La fille de Khamis? demanda Sélirn. — Elle-même. — Certainement, je la connais. M’avons-nous pas joué en semble quand nous étions enfants. — Rien, dit Amir. Leilah, fdle de Khamis, est ta fiancée, les